Le patron des députés du parti de la droite et le ministre de l’Intérieur se regardent en chiens de faïence dans la perspective de la prochaine désignation du nouveau président de la formation politique.
Chez Les Républicains (LR), il souffle comme un vent chargé. En apparence calme et apaisant, il n’en reste pas moins lourd de tension. Une sorte de calme avant la tempête, qui devrait inévitablement opposer d’un côté Laurent Wauquiez et de l’autre Bruno Retailleau.
Pour cause, le premier actuellement à la tête des députés du parti à l’Assemblée nationale et le second, ministre de l’Intérieur du gouvernement Bayrou nourrissent la même ambition : celle de succéder à Éric Ciotti, parti avec fracas de la présidence du rassemblement de droite.
Un seul poste pour deux têtes. De quoi ouvrir la voie à une guerre des chefs que de nombreux observateurs jugent inéluctables. Car si Retailleau s’est longtemps gardé de dévoiler sa main, il peine de moins en moins à cacher son intérêt pour endosser les habits du nouveau chef de file de la droite.
Surtout, ses nouvelles fonctions gouvernementales l’aident à se mettre en avant dans la perspective de la désignation de cette figure.
Des rapports de force bousculés
« Il avance dans sa réflexion, ce n’était pas une option il y a trois mois, ça l’était un peu depuis deux mois et là ça devient franchement une option », confie au journal Le Monde, un proche de celui qui fort de son arrivée à la Place Beauveau incarne la ligne la plus dure du gouvernement sur de nombreux points, dont l’immigration.
De fait, Vendéen se met à y croire de plus en plus, porté comme le relève le quotidien du soir, par quelques sondages d’opinion favorable. Cette montée en puissance a de quoi inquiéter le camp de Laurent Wauquiez, ce dernier longtemps s’étant vu un candidat naturel.
Ses détracteurs cités par Le Monde, avancent même l’idée selon laquelle il comptait se servir de sa mission de refondation du parti pour en prendre la tête et ainsi s’épargner une campagne interne.
Les yeux rivés sur la présidentielle
La situation actuelle révèle donc une transformation profonde des rapports de force. La crispation est telle que l’entourage de Retailleau accuserait selon Le Monde, Wauquiez d’avoir tenté de le faire écarter du gouvernement Bayrou, une manœuvre fermement démentie par les proches du député de Haute-Loire.
Cela devrait continuer en s’intensifiant malgré les signaux d’alerte lancés par chaque camp, et les intéressés même, comme en témoigne leur face-à-face de mardi 4 février dernier à l’initiative du ministre de l’Intérieur.
« A toi d’incarner la droite au gouvernement, à moi de reconstruire notre famille politique… Si tu romps cet accord, tu porteras la responsabilité d’allumer une guerre des chefs qui sera dévastatrice », aurait lancé Wauquiez à son hôte, à en croire l’AFP, alors que les deux personnages ont déjà les rivés sur la présidentielle de 2027.