L’offensive anti-scientifique lancée par Donald Trump aux États-Unis mobilise la communauté des chercheurs en France.
La place Jussieu à Paris était noire de monde, vendredi 7 mars en début d’après-midi. Bravant le soleil printanier, des centaines de scientifiques toutes disciplines confondues se sont réunis en solidarité envers leurs collègues américains, victimes d’une purge sans précédent de la part de Donald Trump.
Depuis son entrée en fonction le 20 janvier dernier, le chef de l’État américain s’emploie à démanteler la recherche à coups de décrets exécutifs. Il en a ainsi émis 82 au total à la date du 9 mars selon la plateforme Ballotpedia – un record dans l’histoire récente des États-Unis –, avec comme fil conducteur, l’effacement de la science ou de ce qui s’y rapporte.
Des financements ont été coupés au sein d’une multitude d’agences ; des mots ou expressions bannis du langage de l’administration fédérale ; des travaux sur les minorités sexuelles ont également mis sous l’éteignoir. Une véritable marche à reculons sous le règne du conservatisme.
Le cas de la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration), agence spécialiste de l’environnement océanique et atmosphérique de la planète, marqué par le licenciement de 800 scientifiques sans ménagement, est emblématique de cette atmosphère « d’obscurantisme technophile », selon les mots de l’historien Patrick Boucheron.
Une sidération qui transcende les frontières
« Sans la science, on coule », « Scientifiques persécutés, démocratie fragilisée », « Debout pour la science »… Les slogans résonnaient avec force devant les façades de l’université Paris Sorbonne, selon le compte-rendu de la mobilisation faite par Le Parisien.
La manifestation, organisée en coordination avec le nouveau mouvement américain « Stand up for science » a connu la participation de diverses personnalités, dont le sénateur écologiste Yannick Jadot.
« Il s’agit d’un régime fasciste qui a aujourd’hui les écologistes comme adversaire, d’un régime qui veut imposer le mensonge et la haine. Nous avons besoin de vérité« , a crié le candidat à la mairie de Paris, alors que la crainte d’un effet boule de neige émerge en France.
« Une claque pour l’humanité »
« C’est le dirigisme des sujets qui commence à voir le jour« , alerte Daniel Rouan, astrophysicien et directeur de recherche émérite au CNRS, sur des tendances inquiétantes susceptibles d’affecter aussi l’Europe, dans des propos rapportés par Le Parisien.
Il tient cependant à nuancer : « Entre ce qui se passe aux États-Unis et ici, on n’est pas du tout au même niveau« . Pour le président de la Société française de physique, la situation américaine s’apparente à une « claque pour l’humanité ».
« On ne pouvait pas imaginer que ça pourrait arriver, tout le monde est en état de sidération. Je pense à mes petits-enfants, je ne leur réserve pas un monde très enthousiasmant« , s’inquiète le scientifique.