Le cinéma français toujours aussi consommé en Russie

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La Russie reste un marché de choix pour les acteurs tricolores du septième art, dont les œuvres continuent d’y être massivement exportées, malgré l’invasion de l’Ukraine.

Alors que les sanctions occidentales contre Moscou, imposées suite à son invasion de l’Ukraine, ont bouleversé l’équilibre commercial mondial dans de nombreux domaines, le cinéma français connaît paradoxalement un véritable essor en Russie.

Selon les données d’Unifrance, l’association de promotion du cinéma et de l’audiovisuel français à l’international, citées par Le Monde, le marché russe a enregistré 3,7 millions de billets vendus et la distribution d’au moins soixante films français l’année dernière. Un rayonnement considérable pour les productions hexagonales.

Les exportations de films français vers la Russie atteignent aujourd’hui un niveau record. Le pays se positionne désormais comme le deuxième plus important débouché mondial pour le cinéma tricolore, juste derrière l’Allemagne.

Une dynamique parfaitement illustrée par le succès du « Comte de Monte-Cristo » d’Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte, qui a cumulé 1,2 million d’entrées en Russie pour des recettes de 5,8 millions d’euros, toujours d’après Unifrance.

Une brèche culturelle ?

Si comme l’indique au Monde, Gilles Renouard, directeur cinéma chez Unifrance, « la Russie a toujours été un énorme marché pour la France », le maintien de cette relation dans un contexte géopolitique aussi mouvementé que celle de la guerre russo-ukrainienne, tient à la nature des sanctions internationales infligées à Moscou.

En effet, les sanctions européennes excluent spécifiquement les biens culturels alors que les studios américains ont quitté le pays dès le début du conflit en 2022.

« Les exportateurs français sont tenus de respecter les règlements européens et n’effectuent pas de transactions financières avec des entités et personnalités sous sanctions« , précise tout juste une source diplomatique française sollicitée par Le Monde.

Une aubaine pour les distributeurs français, qui ne se privent pas de profiter de la situation. Par ailleurs, le gel initial des contrats, recommandé aux premiers jours de l’invasion, s’est rapidement estompé face aux bonnes affaires proposées par les distributeurs russes au fait de la grande popularité du cinéma hexagonal dans leur pays.

Une divergence de positions en Europe

« Priver les Russes de films européens reviendrait à refermer leur dernière fenêtre ouverte sur le monde« , affirme dans les colonnes du quotidien du soir, Laurent Daniélou, exportateur chez Loco Films et défenseur de ce statu quo.

Cette bienveillance de l’industrie cinématographique française vis-à-vis de la Russie connaît cependant certaines limites. Comme lors des Rendez-vous d’Unifrance en janvier 2023, quand l’organisation a choisi de ne pas financer l’hébergement des distributeurs russes tout en leur permettant de participer.

L’Allemagne, à l’instar d’autres pays européens, s’est en revanche montrée plus ferme en interdisant aux distributeurs russes de participer aux German Films Previews.

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