La pression monte sur le Vieux continent pour rapatrier ses réserves d’or face à la perte de confiance envers l’Amérique de Trump et à l’instabilité géopolitique mondiale.
« Nous devons aborder la question de savoir si stocker l’or à l’étranger est devenu plus sûr et stable au cours de la dernière décennie ou non« , indique Peter Gauweiler, ancien député conservateur de l’Union sociale-chrétienne de Bavière en Allemagne, auprès du Financial Times (FT), faisant écho à un débat croissant dans le débat public ces derniers temps.
Notamment depuis le retour au pouvoir de Donald Trump aux États-Unis, et sa politique « America First », qui remet en question les alliances traditionnelles, y compris avec des partenaires historiques comme l’Europe, accusée d’avoir été créée pour « duper l’Amérique ».
En plus de son mépris pour le multilatéralisme, le président américain prend un malin plaisir à trahir sa parole, donnant chaque jour la preuve de ce que symbolise son pays désormais aux yeux de nombreux observateurs : un partenaire feu fiable.
En témoigne son offensive de la nuit du 21 au 22 juin sur l’Iran en représailles au programme nucléaire de celui-ci alors que la Maison Blanche assurait 24 heures plus tôt qu’il laisserait deux semaines à la République islamique pour négocier.
Le moment de rompre une dépendance historique ?
Dans ce contexte, des voix s’élèvent de plus en plus pour rompre avec la tradition qui veut que les Européens stockent leurs réserves d’or outre-Atlantique depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, notamment au sein de la Réserve fédérale (Fed).
Forte de sa présence à New York et de ses atouts sécuritaires, l’institution dirigée par Jerome Powell a établi une réputation de « coffre-fort international » sûr pour ces lingots qui représentent une « assurance-vie » économique pour leurs propriétaires.
« Nous sommes très préoccupés par l’ingérence de Trump dans l’indépendance de la Banque de la Réserve fédérale« , confie Michael Jäger, président de l’Association des contribuables d’Europe (TAE), au FT.
L’association a récemment envoyé des lettres aux ministères des Finances et aux banques centrales d’Allemagne et d’Italie pour les exhorter à reconsidérer leur dépendance envers la Fed comme dépositaire de leur or.
245 milliards de dollars en jeu
Les inquiétudes sont d’autant plus vives que Trump a déclaré le 12 juin qu’il « pourrait devoir forcer quelque chose » pour obtenir de la banque centrale la baisse de ses taux. Une quête devenue presque une obsession pour le président des États-Unis.
Avec respectivement 3 352 tonnes et 2 452 tonnes d’or, l’Allemagne et l’Italie détiennent les deuxième et troisième plus importantes réserves nationales mondiales après les États-Unis. Ces deux pays européens conservent plus d’un tiers de leur précieux métal dans les coffres de la Réserve fédérale, soit une valeur marchande dépassant les 245 milliards de dollars selon les calculs du Financial Times.
Une opération de rapatriement d’une telle ampleur nécessiterait donc une logistique sécuritaire et de transport considérable, même si certains pays l’ont déjà fait par le passé. En 2013, la banque centrale allemande avait décidé, sous la pression de l’opinion, de transférer 674 tonnes de lingots depuis Paris et New York vers son siège de Francfort, une opération qui avait coûté sept millions d’euros.