Trump s’attaque à ses propres données d’emploi

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Le président américain a brutalement révoqué la directrice du Bureau fédéral des statistiques, l’accusant d’avoir manipulé les récents chiffres du chômage. Un signal inquiétant pour de nombreux observateurs.

« Je viens d’apprendre que les chiffres de l’emploi de notre pays sont réalisés par une personne nommée par Joe Biden, la Dr Erika McEntarfer, qui a truqué les chiffres de l’emploi avant l’élection pour augmenter les chances de victoire de Kamala » (Harris).

Sur son réseau social Truth Social, en ce vendredi 1er août, Donald Trump laisse éclater sa colère face à un marché du travail franchement morose. Quelques heures plus tôt en effet, le dernier rapport sur l’emploi était publié, peignant un tableau particulièrement décevant sur la gouvernance du pays.

Seulement 73 000 emplois ont été créés en juillet, soit 27% en deçà des prévisions. Mais le plus préoccupant réside dans les révisions drastiques à la baisse des mois précédents : les créations d’emplois de mai et juin ont été révisées de 258 000 à seulement 33 000 au total.

« Un véritable tournant, un signal d’alarme », a commenté sur X Heather Long, économiste en chef de la Navy Federal Credit Union. « L’économie ne crée quasiment aucun emploi », a ajouté l’économiste.

Un limogeage abrupt

Il n’en fallait pas plus pour que Trump s’en prenne à Erika McEntarfer. « J’ai demandé à mon équipe de renvoyer immédiatement cette personne nommée par Biden. Elle sera remplacée par quelqu’un de beaucoup plus compétent et qualifié », a-t-il déclaré, dénonçant des chiffres « truqués pour nuire à mon administration ».

Selon les correspondants de MSNBC à la Maison-Blanche, cette réaction s’inscrit dans une logique bien établie de l’administration Trump.

Le président a toujours adopté une approche sélective face aux données économiques, applaudissant les statistiques favorables et contestant systématiquement celles qui le desservent.

Cependant, le limogeage de McEntarfer représente une escalade sans précédent. Jamais auparavant un président n’avait pris une mesure aussi drastique contre un responsable des statistiques fédérales pour des raisons liées au contenu de ses rapports. D’autant que la mauvaise santé actuelle du marché du travail n’est que le résultat de la politique commerciale aléatoire de Trump.

De graves implications institutionnelles

Cette décision soulève des questions importantes sur l’indépendance des institutions statistiques fédérales. Le poste de directeur du Bureau des statistiques du travail, confirmé par le Sénat, est traditionnellement considéré comme non-partisan.

« C’est clairement un cas où l’on tire sur le messager. Limoger la directrice du Bureau des statistiques du travail ne va pas améliorer la collecte et la diffusion des données… cela va saper la confiance dans les données à l’avenir », a souligné Dean Smith, stratège en chef chez FolioBeyond, interrogé par Reuters.

« Des services de renseignement modelés selon les volontés présidentielles aux statistiques d’emploi contestées quand elles dérangent, en passant par l’instrumentalisation de la justice, les signes d’un assujettissement de l’État à un homme se multiplient », analyse Corentin Sellin, professeur agrégé d’histoire et spécialiste des États-Unis.

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