Le maire de Nice et l’ancien garde des Sceaux se sont récemment livrés à un échange particulièrement tendu dans un lieu public.
C’est Le Canard Enchaîné qui a révélé l’information mardi 28 octobre. Alors que Christian Estrosi profitait, une semaine plus tôt, d’un dîner à « La Petite Maison »—une adresse appréciée par la bourgeoisie niçoise et les personnalités de passage sur la Côte d’Azur—aux côtés de sa femme et de son beau-père, il aperçoit Éric Dupond-Moretti.
« Ici, je suis entouré de véritables amis« , lance le maire, dans une atmosphère tendue. L’ex-Garde des Sceaux, rompu aux duels verbaux et peu enclin à céder, rétorque aussitôt avec son style incisif : « Toi, tu es surtout un courtisan à temps permanent ».
Estrosi riposte en le traitant « d’intermittent du spectacle », allusion transparente au retour sur scène de l’ancien ténor du barreau. À ce sujet, Le Parisien avait rapporté fin 2024 que Dupond-Moretti projetait de raconter son expérience gouvernementale dans une pièce de théâtre jouée en février dernier.
La réponse du ministre fuse, sèche : « Et toi, pas un intermittent de la connerie ? » L’affrontement verbal manque alors de tourner à l’altercation physique.
« Je vais t’en coller une »
Excédé, Christian Estrosi aurait menacé, les poings fermés et prêt à en découdre : « Je vais t’en coller une« . Dupond-Moretti, coutumier des confrontations, propose : « On sort si tu veux« . Finalement, le maire retrouve son calme, non sans lancer : « Tu seras bientôt OQTF à Nice », à son interlocuteur.
Tout en confirmant la scène à Nice-Matin, l’ancien ministre préfère relativiser l’événement. Il accuse Estrosi de l’avoir provoqué. « On a eu des échanges de mots, c’est tout », a-t-il déclaré au journal, agacé que tout cela ait fuité dans la presse.
« Demain si je m’engueule avec un mec dans la rue, ça doit être dans le journal ? », s’indigne-t-il. Pour saisir la virulence de cet échange, il faut revenir aux récentes prises de position de Christian Estrosi sur la scène nationale. Début octobre, le maire de Nice déclarait que seul le départ d’Emmanuel Macron pourrait sortir le pays de la crise institutionnelle actuelle.
Les racines d’une inimitié politique
De quoi provoquer l’ire de Dupond-Moretti réputé fidèle parmi les fidèles du président de la République. « Je n’ai jamais vu pire courtisan que Christian Estrosi. Il a été le courtisan de tout le monde : d’Emmanuel Macron, mais avant lui de Médecin, de Peyrat, de Le Pen, de Sarkozy à qui il veut aujourd’hui donner le nom d’une place ! », avait-il asséné.
Les deux hommes représentent par ailleurs des visions opposées de la vie publique. Estrosi, élu ancré dans la région niçoise, fustige l’arrivée de « parachutés » venus de Paris, leur reprochant un éloignement du terrain. Dupond-Moretti, juriste devenu ministre, incarne au contraire cette « société civile » promue par Macron, quitte à bouleverser les codes classiques de la politique française.