Irlande : la levée d’un vieux tabou

Politique

La semaine dernière, l’Irlande organisait un référendum historique sur l’avortement. Depuis toujours, l’interruption volontaire de grossesse (IVG) était interdit dans le pays. Seules les grossesses présentant de réels risques pour la femme pouvaient être interrompues. Vendredi dernier, l’Irlande a catégoriquement rompu avec des siècles de prohibition de l’avortement. 

Un changement historique dans la Constitution irlandaise

Plus des deux tiers des 3,3 millions d’électeurs – soit 66,4 %, selon les résultats définitifs rendus publics samedi 26 mai – ont voté en faveur de l’abrogation du 8e amendement de la Constitution, qui prohibe, de fait, tout avortement, en protégeant « l’enfant à naître » au nom de son droit à la vie égal à celui de la mère. « Nous avons voté aujourd’hui pour les générations futures, nous avons voté pour regarder la réalité dans les yeux et nous n’avons pas cillé, nous avons voté pour apporter de la compassion là où nous tournions le dos, pour offrir des soins médicaux là où nous nous voilions la face », a expliqué Léo Varadkar, premier Ministre irlandais.

« Je m’endors ce soir avec l’espoir de me réveiller dans un pays plus généreux, plus attentionné et plus respectueux », a déclaré, pour sa part, le ministre de la santé, Simon Harris, voix marquante de la campagne du « yes ».

L’avortement, un sujet tabou depuis 1861

Depuis 1861, avorter en Irlande était passable de prison à vie. Pour qu’une femme puisse avorter, il fallait, jusqu’à aujourd’hui, que sa vie soit en danger. Les viols et l’inceste n’étaient pas considérés comme des raisons valables pour interrompre une grossesse. En 1983, le clergé avait réussi à faire voter à 66,9 % le 8e amendement à la Constitution qui interdisait l’avortement, même en cas de viol ou d’inceste, même si le fœtus souffrait de malformation.

Selon les sondages de sortie des urnes, les campagnes (60 %) ont approuvé la libéralisation de l’IVG, presque autant que les villes (71 %), les hommes (65 %) presque autant que les femmes (70 %), les jeunes (87 % des moins de 25 ans) nettement plus que leurs aînés (63 % des 50-64 ans).

L’Irlande d’aujourd’hui est la même, un peu plus tolérante

Après l’annonce des résultats, Léo Varadkar s’est adressé directement aux partisans du non qui, « peut-être, pensent qu’aujourd’hui l’Irlande a pris une mauvaise pente. Je veux les rassurer, l’Irlande d’aujourd’hui est la même que celle qu’elle était la semaine dernière, mais juste un peu plus tolérante, un peu plus ouverte et plus respectueuse ».

 

 

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