Après les élections du dimanche 26 mai, place aux nominations à la présidence de la Commission européenne. Les discussions s’annoncent ardues en raison de la nouvelle composition du Parlement européen. Qui du conservateur allemand Manfred Weber (PPE), du social-démocrate hollandais Frans Timmermans et de la centriste danoise Margrethe Vestager succédera à Jean-Claude Juncker ?
Les 28 dirigeants de l’UE doivent se réunir ce mardi 28 mai à Bruxelles autour d’un dîner pour s’accorder sur un choix entre les trois candidats en lice pour la présidence de la Commission européenne. Ce sont le conservateur allemand Manfred Weber (PPE), le social-démocrate hollandais Frans Timmermans et la centriste danoise Margrethe Vestager. Ces derniers sont déjà à pied d’œuvre pour recueillir le maximum de soutien. Quels sont les forces et faiblesses de ces candidats à moins d’un mois de la décision finale des chefs d’État et de gouvernement membres du Conseil européen ?
Manfred Weber
Manfred weber est le candidat du parti populaire européen (PPE), qui a recueilli 180 sièges au Parlement lors des élections du dimanche contre 216 actuellement. Selon la procédure du « Spitzenkandidat » (le candidat tête de liste) ce conservateur bavarois de 46 ans doit logiquement succéder au Luxembourgeois Jean-Claude Juncker à la présidence de la Commission. Champion du PPE (droite), Manfred weber peut compter sur le puissant soutien des conservateurs allemands (alliance CDU-CSU) et de la chancelière Angela Merkel.
Le hic c’est qu’il manque d’expérience gouvernementale, quand tous les présidents de Commission, après le mandat de Jacques Delors, ont occupé auparavant le poste de Premier ministre dans leur pays. Manfred Weber n’a siégé qu’au Parlement européen jusqu’ici. Aussi, notons que sa coalition, le PPE a reculé en nombre de sièges, avec seulement 179 élus, contre 221 auparavant. Dans ce cas de figure, le PPE devrait obtenir le ralliement d’autres coalitions, comme les Verts (70 sièges), mais ce n’est pas gagné d’avance. Pour ne pas arranger son cas, le président français Emmanuel Macron (dont le parti appartient aux libéraux de l’ADLE), le Grec Alexis Tsipras (du groupe des sociaux-démocrates) et le Hongrois Viktor Orban (du PPE) pensent qu’il n’a ni l’expérience ni le coffre pour la présidence du Parlement européen.
Frans Timmermans
Frans Timmermans est un diplomate polyglotte rompu à la tâche. Cet ancien ministre des Affaires étrangères des Pays-Bas (2012-2014) a donné du lustre, ses quatre dernières années, à la fonction de vice-président de la Commission, en plus de connaitre la Commission comme sa poche. C’est le candidat des sociaux-démocrates, un groupe qui a obtenu 150 élus, bien moins que le PPE. Lui aussi a terminé en tête des élections européennes aux Pays-Bas et peut espérer fédérer les forces de gauche avec les libéraux et les Verts.
L’un de ses plus gros handicaps c’est qu’il est peu populaire dans certains pays de l’Est, à cause de ses récentes prises de positions concernant les atteintes à l’Etat de droit.
Margrethe Vestager
La danoise Margrethe Vestager a aussi ses chances et même plus de chance. On vous explique pourquoi. Elle est considérée comme une femme surdouée, fort des postes de responsabilités qu’elle a occupées depuis ses 21 ans. Puis elle a été nommée Commissaire à la concurrence, après avoir été ministre de l’Economie du Danemark, de 2011 à 2014. Son inflexibilité pourrait être l’une de ses plus grandes forces. Elle a notamment imposé des amendes record contre Google, Apple et Facebook, ce qui lui a valu le surnom de « tax lady de l’UE », de la part de Donald Trump. Originaire d’un petit pays et appréciée par Angela Merkel et Emmanuel Macron (dont LREM appartient au groupe centriste et libéral Alde de la danoise), elle pourrait être un très bon choix pour promouvoir l’égalité parmi les cinq postes européens de prestige qui se libèrent (présidence de la Commission, du Conseil, du Parlement, de la BCE et haut représentant).