Le président français Emmanuel Macron et son homologue ivoirien Alassane Ouattara, lors d'une visite d'Etat à Abidjan en décembre 2019.

Afrique : la France entérine la fin du Franc CFA pour l’Eco

Economie International Une

 

Le projet de loi entérinant la fin du franc CFA a été adopté mercredi en Conseil des ministres par le gouvernement français. Ce texte acte officiellement la transformation de la monnaie ouest-africaine qui changera de nom pour devenir l’Eco.

Une nouvelle page à écrire dans la relation entre la France et ses ex colonies

La fin du Franc CFA est proche. La France a entériné officiellement la disparition de cette devise par un projet de loi adopté mercredi en Conseil des ministres. « Les engagements sont tenus et nous sommes au rendez-vous », a affirmé le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, lors d’une audition mercredi après-midi devant la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale. Il a précisé que Paris passait d’un rôle de co-gestionnaire à « celui d’un strict garant financier de la zone ». Pour la porte-parole du gouvernement Sibeth « Cette fin symbolique devait s’inscrire dans un renouvellement de la relation entre la France et l’Afrique et écrire une nouvelle page de notre histoire ».

Le Franc CFA était perçu comme une monnaie « colonialiste » par certains dirigeants de la zone ouest-africaine. Cette opinion a pris de l’ampleur avec la montée du panafricanisme incarné notamment par le Franco-béninois Kemi Seba. Emmanuel Macron a d’ailleurs reconnu que le Franc CFA était « l’un des vestiges de la Françafrique ».

Quels sont les changements ?

Avec le projet de loi adopté mercredi, la monnaie ouest-africaine change officiellement de dénomination. Elle devient « Eco ». Mais le vrai changement se situerait en profondeur avec la rupture des liens « techniques » entre les pays concernés, le Trésor et la Banque de France. La Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) ne devrait plus déposer la moitié de ses réserves de change auprès du Trésor français, obligation qui perçue comme une dépendance humiliante vis-à-vis de la France par les détracteurs du Franc CFA.

Autre changement important : Paris se retire des instances de gouvernance dans lesquelles elle était présente. Jusqu’à présent, le ministre des Finances et le gouverneur de la Banque de France participaient aux deux réunions annuelles, dont l’une se déroulait à Paris. En revanche, la France continuera de jouer son rôle de garant pour cette monnaie qui maintiendra également une parité fixe avec l’euro (1 euro = 655,96 francs CFA). Ce point devrait évoluer lorsque la monnaie commune ouest-africaine verra le jour.

La CEMAC continuera à utiliser le Franc CFA

La réforme du Franc CFA ne concerne pour le moment que huit pays membres de l’Union monétaire ouest-africaine : le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo. Cette monnaie continuera à circuler dans les six pays d’Afrique centrale (Cameroun, la Centrafrique, le Congo, le Gabon, la Guinée Equatoriale et le Tchad), qui forment une zone monétaire distincte.

Les pays anglophones se méfient de la France

Il faudra attendre encore longtemps pour que l’ancienne zone franc rallie à elle les autres Etats de la CEDEAO, pour construire une monnaie unique. Le Nigeria et le Ghana ne voient pas d’un bon œil l’implication de la France dans ce projet. En attendant de convaincre les pays anglophones que l’Eco est une initiative des pays ouest-africains (et pas de la France tapie dans l’ombre), il faut régler certains points. Par exemple à quelle date les nouveaux billets seront-ils imprimés ? Quand pourront-ils entrer en vigueur ?

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