Le président chinois n’a plus été vu hors de ses frontières depuis 21 longs mois, se contentant d’assurer ses rendez-vous avec ses homologues du monde à travers internet. Pourquoi ?
Il n’était pas au sommet du G20 samedi, il est un des absents notables de la COP26 ouverte à Glasgow depuis le week-end dernier. À chaque grand rendez-vous international depuis quelques mois, la question d’une participation de Xi Jinping en personne revient sur le tapis. Et avec la même réponse chaque fois : il n’en sera pas.
Depuis janvier 2020 et un voyage à Myanmar, le président chinois n’a plus été vu hors de son pays. C’était quelques jours avant l’apparition du Coronavirus devenu plus tard une pandémie restrictive des déplacements. Depuis, l’homme fort de l’Empire du Milieu se contente d’entretiens vidéo et autres appels téléphoniques pour honorer ses engagements internationaux. Il refuse également d’accueillir personnellement ses interlocuteurs sur son sol. En témoigne le sommet sur la biodiversité abrité du 11 au 24 octobre dans la ville de Kunming avec une participation de Xi via le web. En fait, le dernier responsable étranger accueilli en personne par le président chinois est le pakistanais Arif Alvi en mars 2020, selon le New York Times (NYT).
Manœuvre tactique
Pour un homme réputé globe-trotter en raison de sa moyenne de 34 jours de voyages annuels ces dernières années, selon le chercheur Neil Thomas cité par le NYT, une telle attitude a quelque chose d’intrigant. L’explication la plus plausible serait le Covid-19 contre lequel le pays n’a pas hésité à déployer des moyens les plus drastiques à travers une stratégie baptisée zéro Covid. Y compris en restreignant les libertés individuelles. Dans ces conditions, un déplacement de Xi Jinping hors de ses terres lui vaudrait de se soumettre aux mêmes contraintes que le chinois lambda à son retour, au risque d’être critiqué.
Mais le NYT voit dans repli sur soi du président chinois, une stratégie savamment orchestrée et témoin de la volonté du pays communiste de ne plus céder face à ses partenaires occidentaux, sur sa politique internationale. Il ne serait donc plus question d’arrondir les angles avec les Européens, encore moins avec les États-Unis, son plus grand adversaire. On l’a récemment vu avec les cris d’orfraie de l’envoyé spécial américain sur le climat, John Kerry, contre l’appétence chinoise pour le charbon.
Une telle tactique va-t-elle payer ? Les spécialistes interrogés par le NYT restent sceptiques à cet effet.