Marine Le Pen a perdu ces derniers jours plusieurs cadres de son parti au profit de son concurrent Éric Zemmour. De simples soubresauts électoraux comme le clame la chef de file de l’extrême droite ou de réels motifs d’inquiétude pour sa campagne ?
C’est auprès d’Éric Zemmour que Gilbert Collard va s’afficher un peu plus tard ce samedi à Cannes. Dans ce qui sera sa première apparition publique avec le candidat d’extrême droite qu’il vient de rejoindre au détriment de Marine Le Pen. Une prétendante à la magistrature suprême incapable de l’emporter en avril prochain, selon le célèbre avocat.
L’eurodéputé embouche ainsi la même trompette que toutes les critiques de la présidente du Rassemblement national (RN). Les mots prononcés il y a trois jours par Jérôme Rivière, lui aussi député au parlement européen et précédemment porte-parole du RN, pour justifier sa défection du parti, sont encore vivaces dans les esprits. Ils viennent en résonance à ceux d’autres anciens proches de Le Pen ayant depuis rallié la cause de Zemmour. L’assistant parlementaire Damien Rieu, pour ne citer que lui, fait partie de ce lot.
Le Pen fragilisée
Dire donc que Marine Le Pen perd des plumes serait un euphémisme. Même si le camp de la finaliste de la présidentielle de 2017 se refuse à en faire un drame. Elles sont tout au plus considérées comme des épiphénomènes, lorsqu’elles ne témoignent pas, aux dires du RN, d’une certaine perversion de la politique de la part de leurs auteurs.
La patronne de l’extrême droite ne se montre par conséquent, guère affectée par la situation. Du moins en public. D’autant que les sondages la créditent toujours d’une bonne chance d’être au second tour face à Emmanuel Macron.
Une normalisation à conséquences
Mais ces ralliements en cascade de certains de ses plus proches collaborateurs à Éric Zemmour n’en restent pas moins inquiétants. Surtout à en juger par la rhétorique, entre son défaut d’incarner une posture présidentielle et son incapacité à rassembler suffisamment la droite dure, employée par les responsables pour se justifier.
En toile de fond de ces accusations figure la normalisation du RN entamée par sa présidente depuis peu. Autrefois adepte des positions enflammées, la députée du Pas-de-Calais a décidé pour sa troisième quête élyséenne, d’atténuer sa position sur certains sujets. Comme si elle essayait de tirer les leçons de ses précédents échecs. Au grand dam de certains de son entourage séduits par les théories du grand remplacement et autres grandes envolées de Zemmour.
L’issue de la présidentielle déterminera celui qui avait raison.