Des milliers de manifestants fidèles à l’ancien président brésilien d’extrême droite déchu Jair Bolsonaro s’en sont pris dimanche 8 janvier, aux principales institutions du pays sur fond de contestation sans fondement des résultats de la dernière présidentielle.
Deux ans après l’assaut meurtrier du Capitole aux États-Unis par des partisans de l’ancien président Donald Trump, le monde assiste à un remake de cette scène surréaliste pour une démocratie américaine que beaucoup croyaient pourtant très enracinée. Mais les choses se sont déroulées cette fois-ci au Sud, sur le sol brésilien.
Des milliers de personnes affiliées à l’ancien chef de l’État fraîchement déchu de la présidence Jair Bolsonaro, ont en effet envahi, dimanche 8 janvier, le Congrès, la Cour suprême et le palais présidentiel, trois institutions nichées au cœur de la capitale Brasilia sur le célèbre lieu appelé « Place des trois pouvoirs » afin de protester contre sa perte du pouvoir.
Le pire évité
« Nous avons toujours dit que nous n’abandonnerions pas. Le Congrès est à nous. Nous sommes au pouvoir« , pouvait-on entendre de la bouche des manifestants qui se filmaient sur place dans des vidéos abondamment diffusées sur les réseaux sociaux.
À chaque fois, les forces de défense et de sécurité affectées sur les lieux, étaient débordées par cette vague que rien ne semblait pouvoir arrêter. Les assaillants ont pris d’assaut les bâtiments gouvernementaux, dont certains d’architecture ancienne, parfois en brisant les fenêtres, avant de vandaliser les meubles. D’autres en ont profité pour piller les objets trouvés sur place.
Heureusement, les édifices étaient à peu près vides en raison du jour concerné : un dimanche. Autrement, le pire aurait pu se produire. Le président nouvellement élu Luiz Inácio Lula da Silva n’était pas non plus sur place.
Rhétorique complotiste
De retour à Brasilia dans la soirée, celui-ci a évoqué une tentative de putsch qui ne restera pas sans conséquence. « Les putschistes qui ont promu la destruction des propriétés publiques sont en train d’être identifiés et seront punis. Demain nous reprenons le travail au palais. Démocratie toujours ! », a indiqué le dirigeant de gauche revenu en pouvoir après sa présidence de huit ans entre 2003 et 2011, dimanche soir.
Lula a par ailleurs engagé la responsabilité de son prédécesseur dans cette situation insurrectionnelle. « Il a encouragé les attaques contre les trois puissances chaque fois qu’il le pouvait », a déclaré le président à la télévision nationale.
Cela fait en effet plusieurs mois que Bolsonaro use de rhétorique complotiste contre les institutions de la République, les accusant de sa perte du pouvoir. L’ancien dirigeant ami de Donald Trump n’a d’ailleurs pas participé à la passation de charge de son successeur avant de s’envoler pour les États-Unis où il se trouve encore aujourd’hui.