Selon une étude scientifique, Ludwig van Beethoven n’était pas génétiquement prédisposé à devenir un grand musicien. Au moins 90% des êtres humains seraient biologiquement mieux pourvus que lui. Cette conclusion remet en cause les tests génétiques pour déterminer la virtuosité d’un individu.
Grâce à l’avancement des techniques statistiques de séquençage génétique, les scientifiques prétendent désormais pouvoir déceler le génie d’un individu, notamment d’un enfant, dans le domaine de la musique. Ils croient aussi être en mesure d’analyser le patrimoine génétique d’individus marquants de l’histoire comme Ludwig van Beethoven, l’un des plus compositeurs occidentaux.
Une étude reposant sur le calcul des scores polygéniques (SPG)
C’est dans ce contexte que les chercheurs du prestigieux institut Max Planck ont récemment mené une étude pour déterminer dans quelle mesure les dons musicaux du compositeur pourraient être attribués à sa constitution génétique. Publiée dans la revue Current Biology, cette enquête repose sur le calcul des scores polygéniques (SPG) de Beethoven et leur comparaison aux SPG de milliers de contemporains.
Des prélèvements d’ADN réalisés sur les cheveux de Beethoven
Les scores polygéniques (SPG) ou indices polygéniques (PGI) permettent d’estimer la prédisposition d’un individu à certains traits. Ils permettent aussi de mesurer l’impact de multiples variantes génétiques sur les caractéristiques physiques. Pour établir ces scores, les chercheurs allemands ont utilisé des prélèvements d’ADN de Beethoven réalisés sur ses cheveux préservés depuis de nombreuses années.
Le patrimoine génétique de Beethoven comparé à celui de milliers d’êtres humains
Parallèlement, ils ont mené une énorme étude sur plus de 600 000 personnes pour cibler des gènes spécifiquement associés à la synchronisation rythmique, une compétence fondamentale dans la musicalité. Ils ont précisément identifié 69 gènes associés à la coordination et à la synchronisation. Ces variantes ont ensuite été recherchées au sein de l’ADN de Beethoven.
Beethoven moins doué génétiquement que 90% de la population
Il en ressort que génétiquement parlant, les capacités musicales de Beethoven l’auraient théoriquement placé dans le 9e ou le 11e percentile des index polygéniques de synchronisation des battements dans les données contemporaines. Ce qui signifie que 89 à 91% de la population est génétiquement mieux pourvue que lui quant aux dispositions musicales ! Le compositeur devait donc être un musicien médiocre, du point de vue de la science.
Les tests ADN ne constituent pas un moyen fiable de déceler un prodige
Face à cette conclusion, l’étude de l’institut Max Planck relève sans équivoque les défis posés par la méthodologie du SPG. Elle montre d’emblée qu’il serait erroné de supposer que le faible SPG d’un auteur-compositeur indique qu’il devrait être un musicien non exceptionnel. Partant de ce fait, on peut dire que les tests ADN ne constituent pas un moyen fiable de déterminer si un enfant doué deviendra un virtuose.
D’autres facteurs à prendre en compte
Ces résultats ne remettent toutefois pas en cause le rôle de la génétique dans les aptitudes musicales. Il y a effectivement des traits qui prédisposent aux génies, comme l’ont déjà démontré de précédentes études. Il faut seulement souligner que Ludwig van Beethoven a pu compenser la pauvreté de son patrimoine génétique par d’autres prédispositions liées à d’autres facultés musicales. Le compositeur a aussi dû être influencé par son environnement ou sa passion pour la musique.