L’héritier du groupe Lagardère est contraint de démissionner de son poste à la tête de l’empire familiale. En cause, sa mise en examen pour « diffusion d’informations fausses ou trompeuses, achat de vote, abus de biens sociaux et abus de pouvoir » entre autres.
C’est une mesure présentée par Lagardère comme contrainte, elle n’en reste pas moins retentissante pour l’entreprise spécialiste des médias, de l’édition et du divertissement.
Son PDG, Arnaud Lagardère, s’est en effet démis de son mandat, mardi 30 avril 2024, laissant le Conseil d’administration « se réunir très prochainement » pour « prendre toutes les dispositions provisoires » nécessaires au bon fonctionnement du groupe.
« Dans le cadre de sa mise en examen, une mesure provisoire d’interdiction de gérer a été prononcée à l’encontre de M. Arnaud Lagardère, mesure qu’il conteste et contre laquelle il va faire appel, mais qui le contraint néanmoins à se démettre de ses mandats exécutifs au sein du groupe », peut-on lire dans le communiqué publié par l’entreprise.
Affaire rocambolesque
Cette annonce fait suite à l’inculpation la veille, de l’homme de 63 ans par la justice française pour « diffusion d’informations fausses ou trompeuses, achat de vote, abus de biens sociaux et abus de pouvoir, et non-dépôt de comptes » en lien avec une procédure pénale lancée en avril 2021.
Au cœur du dossier, des écritures comptables décrites comme « acrobatiques » par Le Monde, laissant notamment penser que le groupe Lagardère aurait en réalité financé le train de vie luxueux de son désormais ex-PDG.
Cela inclut notamment des travaux dans ses résidences et des voyages en jets privés via les entreprises Lagardère SAS et Lagardère Capital & Management (LCM). M. Lagardère est également soupçonné d' »achat de vote » auprès d’actionnaires stratégiques lors d’une bataille actionnariale l’opposant au puissant fonds Amber Capital en 2018.
Avenir compromis
Cette bataille avec Amber Capital est d’ailleurs à l’origine des déboires judiciaires actuels d’un Arnaud Lagardère qui se sera finalement frotté avec le danger ces dernières années. D’abord en accumulant des dettes dans le cadre de ses nombreuses acquisitions.
Même s’il prétend à son audition racontée dans Le Monde, s’être alors entouré de « meilleurs cabinets d’avocats, de fiscalistes, de notaires et de commissaires aux comptes », l’affaire qui implique au moins trois autres associés épinglés par la justice, sonne le glas des ambitions du dirigeant héritier.
D’autant que la commandite qui lui permettait de décider du sort du groupe a volé en éclats en novembre 2023 sous les coups de boutoir de Vincent Bolloré.