L’homme d’affaires breton est accusé de vouloir soumettre le monde de l’édition française à son agenda politique d’extrême droite.
Un acte de résistance. Dans une tribune publiée mardi 19 novembre dernier, un groupe de librairies s’opposent aux ouvrages provenant du groupe Hachette, qu’il refuse tout simplement de promouvoir.
« Ils ne seront pas mis en avant, ni sur table ni en vitrine, et peut-être même tout simplement absents », indique le texte signé par plus de 80 libraires à travers la France. En cause, l’homme derrière cette maison d’édition, numéro trois du secteur dans le monde, Vincent Bolloré.
Le milliardaire connu pour son omniprésence dans l’industrie des médias en France et en Afrique, est accusé de vouloir désormais se servir du monde de l’édition pour sa « mission civilisationnelle », celle de l’accession de l’extrême-droite au pouvoir son objectif, à tout prix.
Une influence grandissante et minutieuse
Cela fait référence en effet référence à l’édition récente de livres émanant de personnalités d’extrême droite, dont l’ancien ministre Philippe de Villiers, mais surtout le président du Rassemblement national (RN) Jordan Bardella. Des livres publiés avec la bienveillance de « Hachette Livre » tombé sous l’escarcelle de Vincent Bolloré, il y a un an.
Le groupe, filiale de Lagardère Publishing, comprenant 46 maisons d’édition, dont certaines parmi les plus connues dans le monde comme Fayard, Stock ou encore Grasset est désormais une propriété de Vivendi, société contrôlée par l’homme d’affaires.
Depuis, il a fait en sorte d’y imprimer sa marque, en limogeant notamment la contestataire Isabelle Saporta précédemment à la tête de Fayard pour y placer Lise Boëll, connue pour être l’éditrice d’Éric Zemmour, une autre figure d’extrême droite réputée très proche de Bolloré, dont il aurait d’ailleurs bénéficié du soutien dans le cadre sa dernière campagne présidentielle infructueuse.
Une campagne diversement appréciée
Il s’agit d’autant de remue-ménage qui passent mal auprès de certains acteurs de l’édition. C’est notamment le cas des auteurs de la tribune qui se refusent de participer à une « entreprise visant à nous détruire ».
« Un livre n’est pas qu’un texte imprimé, c’est toute une économie auquel il appartient. Tout autant que leur contenu, les modalités de fabrication et de circulation des textes ne sont pas neutres », rappellent les auteurs, dont l’initiative suscite divers commentaires.
Sur les réseaux sociaux, les accusations de censure et d’atteinte à la liberté de pensée fusent. L’avocat Gilles-William Goldnadel dénonce « l’extrême-gauche crétine » et sa « liberté à sens inique », tandis que la journaliste Eugénie Bastié qualifie la démarche de « honte ».