François Bayrou force la porte de Matignon

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Le leader du MoDem est nommé Premier ministre en remplacement de Michel Barnier au terme d’un retournement de situation.

La nomination de François Bayrou comme chef du prochain gouvernement français pourrait être assimilée au football à un but marqué en toute fin de partie, quand l’équipe adverse semblait convaincue de tenir le match nul (0-0).

Dans le cas d’espèce, il s’agit de tous ceux qui pour une raison ou une autre, étaient réticents à l’idée de voir le maire de Pau débarquer à Matignon en successeur de Michel Barnier dont le sort aura été scellé, mercredi 4 décembre 2024, après trois d’exercice.

Mais en politicien habile et surtout sûr de ses forces, l’ancien agrégé de lettres classiques a su manœuvrer à la perfection pour tirer son épingle du jeu, tel un numéro 9, renard des surfaces de réparation adverse. Le récit dressé par Le Parisien de sa nomination est à la fois fascinant et révélateur des luttes de pouvoir au sommet de l’État.

Il témoigne aussi bien de la force de persuasion de l’ancien ministre de l’Éducation que de l’État de déliquescence du pouvoir du président Emmanuel Macron, devenu à force de calculs politiques, à la merci de la classe politique.

Une première confrontation plutôt tendue

Selon le journal francilien, lorsque François Bayrou franchit les couloirs de l’Élysée vendredi 13 décembre en allant vers la sortie, sa religion était faite : ce ne sera pas lui le prochain Premier ministre. Pour cause, son face-à-face avec le patron des lieux aura tourné été prometteur.

Un entretien d’1h45 au cours duquel Emmanuel Macron aura montré qu’il privilégiait tout le monde sauf son hôte, allant de Sébastien Lecornu à Roland Lescure. Une humiliation pour Bayrou selon les termes de personnes au fait des tractations citées par Le Parisien.

« Je suis venu avec vous pour faire de grandes choses, pas des petites« , aurait d’ailleurs lancé l’intéressé au chef de l’État, dans une colère à peine contenue. Une frustration d’autant plus forte que le leader des Centristes du MoDem s’est toujours considéré, à en croire le journal, comme le facilitateur de l’accès de Macron au pouvoir.

Une stratégie du rapport de force

« Je suis le plus grand dénominateur pour discuter avec la gauche et avec la droite », avait-il par ailleurs indiqué quelques jours plus tôt devant des parlementaires, toujours selon Le Parisien. Des gages qui n’auront pas convaincu le chef de l’État.

Face au manque de confiance perçue de la part de dernier, Bayrou déploie une stratégie audacieuse, jouant de tout son poids politique. « Il a menacé de faire exploser la majorité si ce n’était pas lui », relate encore une source interrogée par le quotidien francilien.

Une allusion à peine voilée à l’éventualité de retirer le soutien des 36 députés du MoDem au président. De quoi contraindre Emmanuel Macron de rappeler le maire de Pau quelques heures plus tard pour un second entretien en guise de nomination.

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