Le Code de la route secret des chauves-souris

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Pour la première fois, des chercheurs révèlent comment ces mammifères volants, objets de grande curiosité, se déplacent en masse et à toute vitesse en même temps, sans presque jamais se rentrer dedans.

Imaginez un instant l’impensable : des dizaines de véhicules ou de motos filant à toute vitesse – à plusieurs dizaines de kilomètres-heure –, sur une autoroute exiguë. Les dégâts seraient à coup sûr considérables en termes d’accidents dus à des collisions.

Un tel mouvement est pourtant régulier chez les chauves-souris. Certes, ces animaux nocturnes n’ont pas la même envergure que des engins roulants, mais ils se déplacent très souvent massivement, notamment lors de la recherche de nourriture.

Plus impressionnant : ils le font par plusieurs centaines à très vive allure – estimée parfois à près de 50 km/h – tout en évitant de s’écraser les uns contre les autres. Comment expliquer cet état de fait ? Ce qui s’apparentait à l’un des grands mystères animaliers de l’existence humaine a récemment pu être percé à jour par une équipe de chercheurs.

Emmenés par Aya Goldshtein de l’université de Constance (Allemagne), ceux-ci ont étudié une colonie de 2000 grands rhinopomes dans le nord d’Israël grâce à des dispositifs miniaturisés – des microphones dorsaux – de seulement 3,5 grammes.

Une écholocation adaptée

Cela a ainsi permis d’enregistrer les ultrasons émis par ces animaux et leurs congénères en plein vol. Une première qui a révélé des résultats fascinants, selon la restitution faite dans la revue PNAS (ou Proceedings of the National Academy of Sciences) et consultée par Le Monde.

Les mesures réalisées montrent que 94% des échos perçus par une chauve-souris sont perturbés par ceux de ses congénères à la sortie de la grotte. Dans ces conditions, les chercheurs ont découvert que ces mammifères modifient radicalement leur système d’écholocation, du nom cette technique utilisée par certains animaux pour déterminer la position des objets à travers des ondes sonores réfléchies.

Les chauves-souris réduisent la durée de leurs cris, raccourcissent l’intervalle entre deux signaux, diminuent leur intensité, mais augmentent significativement leur fréquence d’émission.

Un déploiement stratégique

« Elles écholocalisent dix fois par seconde en début de vol, contre deux fois par seconde par la suite, en plein ciel« , détaille Aya Goldshtein dans Le Monde. De quoi optimiser leurs chances de capter des informations exploitables.

Mais avant, un éclaireur s’aventure d’abord pour vérifier l’absence de danger, avant que le reste de la colonie ne s’élance. Une fois sorti de la grotte, le groupe s’éloigne rapidement en éventail, parcourant environ 1,3 km sur un front qui atteint 1 km de large. Cette stratégie spatiale permet d’augmenter considérablement la distance entre chaque individu.

De 14-25 mètres à la sortie de la grotte, l’espacement passe à 60 mètres lorsqu’elles se trouvent à 300 mètres de distance. Le mystère demeure cependant quant à la coordination de ce ballet nocturne pouvant impliquer jusqu’à 60 000 individus sur plusieurs heures.

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