Le centre de recherche scientifique situé à la frontière entre la France et la Suisse a réussi à transformer du plomb en or grâce à son gigantesque accélérateur de particules.
« C’est une très grande avancée ». Cette déclaration, attribuée au physicien John Jowett dans les colonnes du journal Le Parisien, relève d’un euphémisme au regard de la prouesse réalisée par l’intéressé et ses pairs de l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire (CERN).
Il s’agit en l’occurrence de la transformation du plomb en or. Bien qu’étant des « voisins proches » dans le tableau périodique avec des similitudes évidentes – densité métallique, malléabilité –, faire passer un de ces deux éléments chimiques à l’autre n’avait jamais pu être réalisé jusqu’ici.
Cette quête, objet de mythes et de fantasmes presque aussi vieux que le monde, a pourtant été récemment achevée, comme l’indique un article publié à cet effet le 7 mai 2025, dans la revue Physical Review Journals.
Les données telles que rapportées font état, de 2015 à 2018, soit environ 86 milliards de noyaux d’or. Cela correspond à seulement 29 picogrammes. Une quantité si minuscule qu’elle reste pratiquement invisible à l’œil nu.
Un accélérateur de particules nommé LHC
D’autant que les atomes d’or créés n’existent que pendant environ une microseconde avant de se désintégrer. Autant dire que si l’objectif est de faire fortune, il faudra redoubler d’efforts. Cela n’en reste pas moins une découverte majeure, comme l’a souligné John Jowett plus haut.
Mais comment le CERN y est-il parvenu ? La réponse tient en trois lettres : LHC, sigle désignant le grand collisionneur de hadrons, le plus grand et le plus puissant accélérateur de particules au monde.
Grâce à ce gigantesque anneau de 27 kilomètres de circonférence, situé à environ 100 mètres sous terre, des noyaux de plomb (deux à chaque fois) ont pu interagir entre eux à des vitesses comparables à celles de la lumière, provoquant l’arrachage des trois protons – particules chargées positivement et vivant dans le noyau des atomes et dont le nombre détermine l’élément chimique – nécessaires à leur transformation en or.
Une découverte fortuite
« L’idée n’était pas de créer de l’or. Nous cherchons à mieux comprendre l’Univers et sa création. Et grâce à ses propriétés, et notamment son noyau massif, le plomb permet de créer des gouttelettes de la matière primordiale », confie John Jowett au Parisien.
Autant dire qu’il s’agit d’une découverte fortuite favorisée par la température extrême de cette matière primordiale, estimée à 200 000 fois plus élevée que celle du centre de notre Soleil. « Et nous savions qu’à cette occasion nous pourrions créer de l’or », ajoute le chercheur.
Bien que cette découverte ne permette pas de résoudre la crise économique ou de créer des richesses tangibles, elle ouvre des perspectives fascinantes pour la physique fondamentale entre autres.