Comment la Russie trompe l’embargo pétrolier

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Alors que l’Union européenne vient d’infliger une nouvelle batterie de sanctions à la Russie en ciblant notamment son pétrole, l’efficacité de ces mesures soulève des interrogations en raison de la stratégie de contournement toujours aussi sophistiquée de Moscou.

Les responsables européens affichaient leur satisfaction, le vendredi 18 juillet dernier, à l’annonce de nouvelles mesures punitives – les 18e depuis l’invasion de l’Ukraine en 2022 – contre la Russie. Kaja Kallas, haute représentante pour les affaires étrangères de l’Union européenne (UE), a ainsi évoqué l’un des « trains de sanctions les plus sévères » contre Moscou à ce jour.

« Nous frappons au cœur de la machine de guerre russe », a insisté pour sa part Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, au sujet des nouvelles sanctions qui plafonnent le prix du brut russe à 47,60 dollars le baril (contre 60 dollars auparavant), soit 15 % sous le prix moyen du marché. La Russie est le troisième producteur mondial de pétrole selon les chiffres de 2023.

À cela s’ajoute la création d’un mécanisme dynamique permettant de faire baisser le plafond de 15 % en cas de baisse du prix sur le marché. « Nous continuerons à augmenter les coûts, de sorte que l’arrêt de l’agression devienne la seule voie à suivre pour Moscou », a promis Kaja Kallas.

Une industrie pétrolière toujours aussi à flot

Mais si le discours des Européens se veut volontariste, des inquiétudes subsistent concernant l’effet dissuasif potentiel de ces sanctions contre la Russie. D’autant que les précédentes ne sont pas parvenues à faire infléchir la position de Vladimir Poutine sur la guerre.

Au contraire, l’industrie pétrolière russe, principale source de revenus d’exportation du pays, continue de prospérer. La Russie continue en effet d’exporter massivement son pétrole grâce à une armada de navires-citernes vieillissants qui naviguent dans l’ombre du droit international.

L’exemple de l’Andromeda est particulièrement révélateur de cette guerre économique souterraine. Sanctionné par l’UE depuis décembre 2024, ce tanker naviguant sous pavillon comorien a effectué quatre allers-retours entre le port russe d’Ust-Luga et la raffinerie indienne de Jamnagar, transportant près de trois millions de barils de pétrole brut.

Un jeu de cache-cache juridique et des acheteurs

De quoi générer plus de 150 millions de dollars (129 millions d’euros) pour Moscou, selon le cabinet spécialisé dans l’analyse de données maritimes Kpler. La Chine, mais surtout l’Inde – dont les importations de pétrole russe ont été multipliées par 20 depuis 2022 – étant toujours prêtes à s’approvisionner auprès de Moscou.

La stratégie de cette « flotte fantôme » consiste notamment à arborer des pavillons de complaisance – Comores, Libéria, Marshall – rarement enclins à coopérer avec les autorités occidentales. Ces navires recourent également au trucage de documents, aux transferts de cargaisons en haute mer et aux manipulations des prix de facture.

En juin dernier, la Russie a ainsi généré 290 millions d’euros grâce aux exportations pétrolières effectuées par des navires sanctionnés. Un défi de taille pour l’Europe qui vient d’ajouter 105 nouveaux noms à la liste des navires interdits d’accès à ses ports.

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