Les soutiens du président américain nourrissent pour lui l’espoir d’une nouvelle aventure à la Maison-Blanche. Mais qu’en dit la Constitution, au-delà des rêves et des fantasmes ?
« Trump va obtenir un troisième mandat. Donc Trump 2028, Trump sera président en 2028 et les gens devraient simplement s’y faire. »
Dans un entretien accordé à The Economist le 23 octobre dernier, Steve Bannon, stratège politique controversé et figure emblématique du mouvement MAGA (Make America Great Again), réaffirme sa conviction quant à un nouveau bail pour le locataire de la Maison-Blanche.
Une initiative qu’il sait pourtant interdite par la Constitution américaine. À travers son 22ᵉ amendement ratifié en 1951, le texte stipule en effet très clairement : « Nul ne sera élu à la fonction de président plus de deux fois ».
Cela signifie que Trump, élu une première fois en 2016 puis en 2024, est juridiquement forclos pour un nouveau mandat. Le locataire du Bureau ovale a d’ailleurs lui-même admis cette impossibilité quelques jours plus tard.
« Il y a un plan »
« Si vous lisez la Constitution, c’est assez clair, je ne suis pas autorisé à me présenter. C’est dommage », a-t-il déclaré lors d’un échange avec des journalistes à bord d’Air Force One, en route vers la Corée du Sud, tout en se vantant d’avoir « les meilleurs chiffres de popularité pour un président depuis de nombreuses années ».
Est-ce la fin d’un débat longtemps entretenu par le président et ses soutiens ? « Il y a plusieurs alternatives. Au moment opportun, nous expliquerons quel est le plan, mais il y a un plan, et le président Trump sera le président en 2028 », insiste Bannon.
Selon lui, « la seule façon pour le président Trump de gagner en 2028 et de rester au pouvoir est par la volonté du peuple américain. Et la volonté du peuple américain est ce que la Constitution incarne. »
Selon Wayne Unger, professeur de droit constitutionnel à l’université Quinnipiac, la limitation à deux mandats est indiscutable et tout recours juridictionnel aurait très peu de chances d’aboutir. « Je prédis que la Cour suprême dirait clairement non : deux mandats de quatre ans chacun, Donald Trump, vous ne pouvez pas briguer un troisième », tranche-t-il auprès de Reuters.
Des scénarios improbables
À ce jour, aucun président n’a pu contourner ce principe ni le faire évoluer en sa faveur. Changer la règle constitutionnelle exigerait une modification du 22e amendement, soit par un vote des deux-tiers du Congrès ou une convention convoquée par deux-tiers des États, suivie de la ratification par trois quarts des législatures étatiques.
Or, dans le climat actuel de polarisation extrême entre Démocrates et Républicains, cette hypothèse paraît hautement illusoire. Les Républicains disposent d’une majorité ténue à la Chambre (219-213) et contrôlent 28 législatures d’État, mais cela reste insuffisant pour imposer un changement d’une telle ampleur.
Par ailleurs, la tactique de la vice-présidence, évoquée par certains analystes, ne serait pas envisageable. En effet, le 12e amendement de la Constitution exclut explicitement toute personne inéligible à la fonction présidentielle – donc ayant déjà servi deux mandats – de pouvoir être candidate à la vice-présidence.