Le jeune élu de 34 ans suscite des craintes de l’establishment politique et financier de la capitale économique américaine avec son programme ambitieux de justice sociale.
L’élection de Zohran Mamdani à la tête de la mairie de New York marque-t-elle le début d’une catastrophe pour Big Apple ? Cliff Asness, patron du fonds spéculatif AQR Capital, n’en pense pas moins à en juger par la référence qu’il a faite de l’élection.
L’homme d’affaires a en effet publié la scène finale culte du film « La Planète des singes » (1968) dans laquelle le héros (Charlton Heston) découvre les ruines de la Statue de la Liberté sur une plage et comprend avec horreur que la civilisation humaine a été anéantie.
« Espèces de fous ! Vous avez tout détruit !« , scande-t-il alors. Une façon à peine voilée de dire que : « Les électeurs new-yorkais viennent de détruire leur propre ville en élisant ce maire. » C’est aussi une illustration de la panique qui agite New York depuis la victoire de Mamdani.
Une victoire éclair qui s’explique notamment par la capacité du nouvel édile à identifier et à répondre aux préoccupations économiques des habitants. « Nous allons construire une ville où personne n’aura à lutter pour survivre », a notamment lancé cette figure de l’aile gauche du parti démocrate durant la campagne électorale.
Un programme de transformation radicale
Parmi ses mesures phares figure un gel des loyers qui pourrait être mis en œuvre rapidement grâce au pouvoir du maire de nommer les neuf membres du Rent Guidelines Board, l’organisme régulateur.
Le maire élu envisage également d’instaurer la gratuité des transports en bus, un programme estimé à 750 millions de dollars, ainsi que des services de garde d’enfants gratuits. Une autre initiative innovante prévoit la création de supermarchés municipaux dans chaque arrondissement, où la ville contrôlerait directement les prix pour offrir une alternative abordable aux résidents.
Pour financer ses programmes, Mamdani propose une augmentation d’impôts de 2% pour les résidents gagnant plus d’un million de dollars par an, ainsi qu’une hausse du taux d’imposition des entreprises au niveau de l’État.
Wall Street : de l’opposition à une cohabitation forcée
Dans ce bastion de la finance internationale, les projets de Mamdani peinent à rassurer les grands patrons. Pas moins de 26 milliardaires et familles fortunées ont ainsi injecté collectivement plus de 22 millions de dollars pour tenter de lui barrer la route.
« Les milliardaires comme Bill Ackman et Ronald Lauder ont déversé des millions de dollars dans cette course parce qu’ils affirment que nous représentons une menace existentielle. Je suis ici pour admettre quelque chose : ils ont raison« , avait déclaré Mamdani lors d’un rassemblement le 13 octobre dernier.
Face à leur échec retentissant, les détracteurs de Zohran Mamdani font grise mine. Certains magnats immobiliers espèrent une transition calme tandis que d’autres menacent de relocaliser leur activité à New Jersey ou dans le sud des États-Unis, fuyant une fiscalité jugée punitive.
Pour Wall Street, l’enjeu est double : sauvegarder son attractivité mondiale et sa position de force, tout en préservant le climat d’affaires et la sécurité urbaine. À ce titre, la décision de Mamdani de maintenir la commissaire de police Jessica Tisch est perçue comme un gage d’apaisement, alors qu’il reste attendu sur son engagement à « re-démocratiser » la fonction policière.