Kigali ne figurera plus parmi les partenaires maillot du club londonien après 2026, marquant la conclusion d’un partenariat de huit ans, entaché par plusieurs controverses.
Arsenal a officialisé, mercredi 19 novembre, la fin de son partenariat avec Visit Rwanda. Cette marque, vitrine de la stratégie de promotion du pays est-africain engagée dans un soft power pour le moins agressif, figure sur la manche des maillots du club anglais depuis 2018.
En contrepartie, Kigali verse une rétribution estimée à 10 millions de livres sterling (13,4 millions de dollars) pour la saison 2023-2024, selon les comptes d’Arsenal cités par le site d’information The Athletic.
Cette collaboration a été rythmée par plusieurs initiatives ayant contribué à faire connaître le Rwanda au-delà des clichés. Parmi elles, le Rwanda Heritage Day, organisé à l’Emirates Stadium – le stade d’Arsenal – a offert une vitrine remarquable à la culture rwandaise au cœur de Londres.
En 2024, le pays des Mille Collines a accueilli 1,3 million de touristes, générant 650 millions de dollars de recettes, soit une hausse de 47 % depuis le démarrage du partenariat, d’après le rapport annuel 2024 du Rwanda Development Board].
Une succession de controverses
« L’engagement et le soutien de Visit Rwanda tout au long de notre partenariat ont joué un rôle important dans la réalisation de nos ambitions, nous aidant à investir dans notre vision à long terme de remporter des trophées majeurs, d’une manière financièrement durable« , a salué Richard Garlick, PDG d’Arsenal, dans un communiqué.
Ce bilan positif ne suffit cependant pas à dissiper les controverses ayant émaillé l’accord. Régulièrement critiqué par des ONG pour ses ingérences supposées en République démocratique du Congo voisine, le régime de Kigali est accusé d’utiliser Visit Rwanda comme outil de communication pour redorer son image.
Le rapport mondial 2023 de Human Rights Watch pointait ainsi du doigt le Front patriotique rwandais du président Paul Kagame, accusé de poursuivre et d’incarcérer plusieurs opposants sur des bases jugées arbitraires.
Une épine enlevée du pied
La fin du contrat, prévue pour juin 2026, permet donc à Arsenal de tourner une page délicate. Un récent sondage de l’Arsenal Supporters’ Trust, relayé par The Athletic, révèle que plus de 90 % des répondants souhaitaient la rupture de ce partenariat, dont 67 % en faveur d’une sortie immédiate.
Des actions spectaculaires, comme la banderole satirique « Visit Tottenham » de Gunners for Peace près de l’Emirates Stadium, ont accentué le malaise, tandis que des sanctions internationales — notamment la suspension d’une aide britannique en février 2025, fragilisaient la viabilité du contrat.
« Nous savons tous que l’argent parle, mais si les supporters se rassemblent et parlent plus fort, alors ils doivent écouter. Cela montre qu’Arsenal Football Club a toujours la classe et les valeurs pour faire ce qui est juste. En abandonnant cet accord, les Gunners ont fait un pas vers la paix », s’est réjoui le groupe de supporters Arsenal Gunners For Peace (GFP).