L’armée algérienne, jusque-là très observatrice des événements, a désormais décidé de jouer l’arbitre. Elle demande d’engager la procédure qui permettra de destituer le Président Abdelaziz Bouteflika. C’est le Général Ahmed Gaïd Salah, chef d’état-major des armées, qui a fait cette recommandation en vertu de l’article 102 de la Constitution. Quoique louable, l’annonce du tout puissant général suscite la méfiance de la rue.
L’annonce surprenante du Général Ahmed Gaïd Salah
En Algérie, le chef d’état-major des Armées a demandé ce mardi, au Conseil constitutionnel algérien, d’engager la procédure de destitution du Président Bouteflika en vertu de l’article 102 de la Constitution. L’annonce du Général Ahmed Gaïd Salah, quoique louable, n’a pas fait bondir de joie le peuple algérien, dans la rue depuis 5 semaines au moins. Au contraire, il se méfie de ce haut gradé, pion essentiel du régime en place. L’armée pourrait prendre les rênes du pays en invoquant une question de sécurité nationale. D’ailleurs le Général Ahmed Gaïd Salah a laissé entendre que si les manifestations continuaient il y avait des risques pour la stabilité du pays. Et puis, même si l’armée ne rentrait pas en jeu, qui assurerait la transition avant l’élection présidentielle ? s’inquiète le peuple. Qu’est ce qui prouve aussi qu’une élection organisée dans un délai de 4 mois serait crédible ? Et s’il y avait changement de président, mais pas de système? Les Algériens veulent voir clair dans cette histoire.
Le Général n’est plus en phase avec le Président
Toutefois, observons que si le Général Ahmed Gaïd Salah n’est pas un homme en qui l’on peut mettre toute sa confiance, il n’est plus tout à fait en phase avec le président algérien. Chef d’état-major depuis 15 ans, ce haut gradé de l’armée avait soutenu Bouteflika jusqu’à récemment. Avec les revendications de plus en plus importantes, le Général Ahmed Gaïd Salah a commencé à adopter une posture un peu plus nuancée. Dorénavant elle est tranchée et l’on craint que l’armée, jusque-là muette, ne saisisse la balle au rebond.
Les soutiens de Bouteflika commencent à se rallier à la rue
Le chef d’état-major a tout simplement cédé à la pression populaire. Et il n’est pas le seul dans ce cas. Plusieurs autres soutiens du président se sont désolidarisés de lui ces derniers jours. Parmi eux, il y a de nombreux chefs d’entreprises et d’organisations proches du FLN, premier parti du pays. Tous ces gens ont décidé de rejoindre la rue tout comme les membres du RND, le principal allié du pouvoir. Même le FLN a apporté son soutien à la proposition de l’armée. « Nous annonçons notre soutien à cette initiative, début d’un plan constitutionnel qui nous permettra de protéger le pays des dangers », a déclaré le parti au pouvoir, dans un communiqué, ce mercredi.