Le président américain Donald Trump a annoncé lundi que de nouvelles sanctions contre l’Iran rentreraient en vigueur dès le 2 mai prochain, afin de porter à zéro les exportations de pétrole de Téhéran. Les Etats Unis espèrent ainsi priver le régime de sa principale source de revenus. Une situation qui le ramènerait, avec une position plus docile, à la table des discussions sur son programme nucléaire.
Fin des dérogations pour 8 pays
Donald Trump veut mettre à genou l’Iran ! Le président américain a annoncé ce lundi que de nouvelles sanctions rentreraient en vigueur contre ce pays dès le 2 mai prochain, afin de porter à zéro ses exportations de pétrole. Les Etats Unis priveraient ainsi le pays de sa principale source de revenus et le ramènerait, la queue entre les pattes, à la table de négociations sur son programme nucléaire.
Concrètement, ces prochaines sanctions devraient mettre fin au régime de « dérogations » qui permettaient encore à huit pays (Chine, Inde, Turquie, Japon, Corée du Sud, Taïwan, Italie et Grèce) d’importer du brut iranien. La décision de Donald Trump a fait grimper lundi les cours du brut à leur plus haut niveau de l’année, le baril de Brent atteignant 74,28 dollars.
L’Iran sera durement affecté
Les prochaines sanctions américaines vont à coup sûr faire très mal à l’Iran, déjà bien éprouvé par celles prises en novembre 2018. Son volume d’exportations est en effet passé de 2,5 millions de barils par jour à environ 1,1 million de barils par jour aujourd’hui. C’est une perte considérable puisque les ventes de pétrole représentent de 60 à 70 % des exportations iraniennes.
Mais au lieu de faire fléchir le régime iranien, la punition de Donald Trump pourrait l’endurcir davantage. Dans le contexte politique national actuel, le sentiment anti-américain est exacerbé et les Iraniens ne considèrent pas Donald Trump comme un homme digne de confiance. L’Iran pourrait donc avaler la couleuvre et attendre une opportunité pour se dégager de la prise serrée de Washington.
Frapper l’Iran pour toucher la Chine
Si les Etats Unis assurent que les sanctions ne visent que l’Iran, force est de constater qu’elles sont également dirigées contre la Chine, inconsciemment ou non. Les États-Unis « utilisent l’Iran pour atteindre la Chine et prendre l’avantage dans son conflit commercial avec Pékin », estime Céline Antonin, spécialiste des questions pétrolières à l’Observatoire français des conjonctures économiques. En effet, mise sous pression la Chine aura du mal à trouver des alternatives rapidement pour son approvisionnement en brut. Cependant Pékin ou encore New Dehli pourraient contourner la sanction américaine – qui consiste à interdire tout achat de pétrole en dollars -, en utilisant d’autres monnaies telles que le yuan chinois.
Les sanctions feront l’affaire des producteurs américains, saoudiens et des émiratis
En fermant le robinet à pétrole iranien, Donald Trump avantage indirectement les producteurs américains de gaz et de pétrole de schiste car il y aura une hausse des prix mondiaux qui leur sera favorable. « Ce n’est peut-être pas la motivation principale, mais l’administration Trump a sûrement eu à l’esprit l’idée qu’en tirant les prix du pétrole vers le haut, ces sanctions favoriseraient les efforts des producteurs américains de pétrole de schiste pour grapiller des parts de marché aux pays de l’Opep », a déclaré Céline Antonin. Enfin, Washington fera la passe à ses alliés traditionnels que sont l’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis qui n’ont eu de cesse de prier pour que tout se gâte entre les Etats Unis et l’Iran, ce grand ennemi régional. Ces deux pays deviendraient les nouveaux fournisseurs des huit Etats privés d’accès au marché iranien.