Le continent fait depuis quelques semaines face à un casse-tête : comment s’assurer d’un approvisionnement conséquent en sérum alors que l’épidémie est en progression avec des manifestations plus virulentes ?
Le tableau épidémique dressé par l’OMS sur l’Afrique le 24 juin est on ne peut plus inquiétant. Selon l’organisation onusienne, la tendance est à une troisième vague sur ce continent qui reste jusqu’ici parmi les moins affectés par les affres du virus. Mais cela pourrait très vite changer en raison de la fulgurance à laquelle l’épidémie sévit dans de nombreux pays africains depuis quelques semaines.
C’est le cas notamment en Afrique du Sud qui concentre 35% des cas détectés dans cette zone géographique. Là-bas, les hôpitaux débordés n’ont plus assez de places pour les malades les plus préoccupants. Quant à la prise en charge à domicile, elle est entravée par une pénurie d’oxygène. Les médecins sont par ailleurs intrigués par des découvertes de cas présentant des syndromes autres que ceux associés au Covid. En Zambie et en Namibie, la situation n’est guère plus reluisante. Les contaminations grimpent et les équipements de prise en charge manquent.
Outre l’Afrique australe qui compte 40% des cas enregistrés dans tout le continent, cette troisième vague tant redoutée par l’OMS touche aussi d’autres régions. Il s’agit notamment de l’Ouest avec le Liberia dont le président parle d’une situation plus dramatique que par le passé. L’Est avec le Rwanda et l’Ouganda ont dû réinstaurer des mesures de confinement. Quant au Kenya, l’heure encore au couvre-feu.
Covax en panne
Pour couronner le tout, les pays manquent de vaccins. 18 États ont à la date du 25 juin épuisé le stock reçu de l’OMS. L’initiative Covax mise en place pour venir en aide aux pays pauvres dans le cadre de la campagne de vaccination est quasiment à l’arrêt. Et pour cause, ses sérums AstraZeneca produits pour la plupart en Inde sont indisponibles depuis plusieurs semaines. New Delhi lui-même en proie au variant Delta ayant décidé de suspendre les approvisionnements. De fait, l’Afrique du Sud n’a pu vacciner à l’heure actuelle que 2,2 millions de sa population de plus de 59 millions d’âmes. Sur l’ensemble du continent, ils sont à peine 1% de personnes déjà vaccinées, selon l’OMS.
À cette pénurie de doses, s’ajoute la réticence des Africains à se faire vacciner. Faute de candidats, les pays comme la RDC ou le Soudan ont dû renvoyer en mai des millions de sérums avant leur date de péremption.