Pourrions-nous un jour faire pousser des plantes sur la Lune ? C’est la question que se posent les explorateurs depuis des decennies. Aux Etats Unis, des scientifiques de l’Université de Floride y ont repondu partiellement. Cette semaine, ils ont annoncé avoir réussi à faire germer des plantes dans un échantillon de sol lunaire. Cette bonne nouvelle laisse entrevoir la possibilité de cultiver un jour des plantes sur le satellite naturel de la Terre.
Des chercheurs de l’Université de Floride, aux Etats Unis, ont publié cette semaine un article dans lequel ils annoncent avoir fait germer avec succès des plantes dans un échantillon de sol lunaire. L’expérimentation visait à établir si oui ou non le sol de la Lune pouvait constituer un substrat de croissance efficace pour les cultures. Autrement dit, il s’agissait de savoir si les plantes terrestres pouvaient s’adapter physiologiquement à cet environnement. Et de voir dans quelle mesure les hommes pouvaient modifier les scénarios de survie sur ce satellite naturel de la Terre.
Une bonne germination au début, mais un retard de croissance et du stress après
Les scientifiques américains ont choisi de faire pousser l’Arabette de Thalius (Arabidopsis thaliana), une espèce de plante souvent considérée comme une « mauvaise herbe » poussant au bord des routes. Ils l’ont enfuie dans des pots contenants de petits échantillons de poussière lunaire (12 grammes), rapportée des missions Apollo 11, 12 et 17 entre 1969 et 1972. Ils ont dû faire une demande auprès de la NASA trois fois en 11 ans pour avoir la chance de travailler sur ce régolithe lunaire. Six jours après avoir semé les graines, les chercheurs ont constaté que les plantes poussaient bien grâce à l’eau et aux nutriments ajoutés au substrat.
« Nous avons été stupéfaits. Nous n’avions pas prévu cela », confie Anna-Lisa Paul, co-auteure de l’étude et chercheuse en sciences horticoles à l’Institute of Food and Agricultural Sciences de l’Université de Floride. Elle se réjouit que les sols lunaires n’aient pas interrompu les hormones et les signaux essentiels à la germination des plantes. Mais, avec ses collègues, la chercheuse a constaté un ralentissement de la croissance au bout de 20 jours. En effet, à ce stade de leur développement, certaines plantes présentaient des racines rabougries. Comme si elles poussaient dans un environnement hostile, impregné de trop de sel ou de métaux lourds.
Des résultats prometteurs pour une prochaine mission de la Nasa
Les scientifiques américains ont observé également des signes typiques de stress au niveau des feuilles. Ils suggèrent que cela peut être dû aux caractéristiques de la zone de collecte sur la Lune. Ces échantillons provenaient probablement de sol très exposé au vent cosmique, ce qui altère leur composition. Les auteurs de l’étude envisagent maintenant d’exploiter les données pour réduire le stress des plantes. Ils vont aussi étudier l’interaction entre ces dernières et le régolithe lunaire afin d’envisager une utilisation efficace des ressources in situ.
Ces résultats suscitent de grands espoirs dans la communauté scientifique. Ils pourraient permettre de se servir de la Lune comme d’une plaque tournante, d’une station relais ou d’une rampe de lancement pour de futures missions spatiales plus longues. Les explorateurs n’auraient plus besoin de transporter de lourdes et coûteuses charges. Ils auront la possibilité de faire pousser de la nourriture sur place. La Nasa scrute sûrement l’évolution de cette étude. Elle prépare un retour sur la Lune dans le cadre du programme Artémis. L’agence souhaite y établir une présence humaine durable pour se projeter plus loin dans l’espace.