De Beers a déclaré cette semaine qu’il était confiant quant à la conclusion d’un nouvel accord favorable pour tous, alors que le Botswana a menacé de rompre les liens en cas de renégociations insatisfaisantes. Le groupe minier sud-africain reconnait toutefois des conditions complexes posées par Gaborone.
Il y a deux semaines, le président du Botswana, Mokgweetsi Masisi a menacé de mettre fin à l’accord de vente de diamants qui lie son pays à De Beers s’il n’obtenait pas un meilleur pourcentage. Signé en 2011 pour dix ans, ce contrat prévoyait initialement que le groupe minier vende 90 % des pierres précieuses et que Debswana – une coentreprise à parts égales – reçoive les 10% restants. Au fil du temps, cette répartition a évolué pour passer à 75% contre 25 en 2020.
Gaborone pousserait pour une part égale
Les deux parties devaient renégocier l’accord en 2021, mais ne l’ont pas fait en raison des contraintes liées à la pandémie du nouveau coronavirus. Elles avaient finalement décidé de le prolonger jusqu’à juin 2023 pour laisser le temps aux négociations d’aboutir. A quatre mois de cette échéance, le gouvernement botswanais réclame désormais une part plus importante. Certaines sources évoquent un partenariat équitable voir une part égale (50-50).
Mokgweetsi Masisi, qui semble avoir soudain ouvert les yeux, estime que les affaires ne peuvent plus continuer ainsi. « Si nous ne parvenons pas à une situation gagnant-gagnant, chaque partie devra faire ses bagages et rentrer chez elle. », a prévenu le chef de l’Etat. Mis sous pression par l’opposition, à un an des élections, le gouvernement botswanais accuse dorénavant De Beers de ne pas jouer la transparence. La filiale d’Anglo American (groupe britannique) profiterait de la naïveté des dirigeants pour engraisser ses revenus.
De Beers confiant dans la poursuite du partenariat fructueux
De Beers se défend d’user de pratiques malhonnêtes pour gonfler ses résultats financiers. En plus de cinq décennies de partenariat, la compagnie a collaboré de façon honnête avec Gaborone. Elle rappelle d’ailleurs avoir fait des efforts pour rogner progressivement sa part. Aussi, elle reverse au gouvernement environ 80% de ses bénéfices sous forme d’impôts, de taxes et de dividendes. Sans compter qu’elle créé de l’emploi et participe à l’essor de l’économie locale.
Et tout ceci en dépit des investissements colossaux dans le matériel, la technologie et les équipes. De Beers dit n’avoir pas apprécié la sortie du président Masisi, en pleine période de renégociations. Le groupe note qu’il y a encore du temps pour trouver un juste accord pour tous. En attendant, son vice-président des affaires commerciales, Otsile Mabeo, tient à rassurer le marché. Il affirme que l’entreprise reste « confiante » que le « partenariat fructueux se poursuivra ». Mais que le nouvel accord « doit avoir un sens économique et stratégique pour les deux parties ».
Une déclaration imprudente du président botswanais
Gaborone a intérêt à trouver un accord favorable d’autant que les ventes de diamants (presque entièrement de Debswana) représentent les deux tiers de ses recettes en devises et un cinquième de son PIB. De Beers également gagnerait à s’entendre avec le Botswana car il tire environ 70 % de ses revenus de diamants de ce pays. Il est également présent en Namibie, en Afrique du Sud et au Canada.
Par ailleurs, une séparation risque de déstabiliser tout un écosystème (entrepreneurs, sightholders, détaillants, financiers, usines) déjà éprouvé par la pandémie. L’industrie a déjà qualifié les remarques du président d’imprudentes. Certains acteurs parlent même d’un chantage inutile. Car l’accord avec De Beers serait l’un des « plus précieux » du secteur, selon Bloomberg News.