A Hollywood, les scénaristes et les acteurs poursuivent cette semaine leur grève entamée pour les uns en mai et les autres en juillet. Ils réclament tous une meilleure rémunération de leurs droits d’auteur par les plateformes de streaming, ainsi qu’un strict encadrement de l’utilisation de l’intelligence artificielle.
Depuis le 2 mai dernier, les scénaristes d’Hollywood, au nombre de 11 500, sont en grève pour améliorer leurs conditions de vie et de travail. Ils ont été rejoints, le 13 juillet, par les acteurs dits de la « middle class ». Ces derniers sont réunis au sein du tout puissant syndicat Screen Actors Guild- American Federation of Television and Radio Artists (SAG-Aftra) comprenant 160.000 membres. En soixante ans, c’est la première fois que cette organisation mène un tel mouvement de contestation. De quoi donner de grosses sueurs froides aux studios.
Payés en deçà du montant annuel de l’assurance maladie
Décidés à aller jusqu’au bout de leur grève, les acteurs et les scénaristes continuent de bloquer cette semaine l’entrée des maisons de production et des plateformes de streaming comme HBO, Amazon, Warner Bros et Paramount. D’une part, ils réclament une meilleure rémunération de leurs droits d’auteur par les géants du SVOD (Netflix, Prime Video et Disney+). En effet, depuis l’apparition de ces derniers, leurs salaires auraient chuté drastiquement, les empêchant d’accéder à des services de base comme l’assurance maladie estimée à 26 000 $ par an.
Environ 87% des membres du SAG-AFTRA gagnent moins de 26 000 dollars par an, tandis que de grandes stars peuvent toucher des dizaines de millions de dollars pour un film. Les acteurs de la « middle class » sont ainsi contraints de faire un autre job à côté pour joindre les deux bouts. Fort de cette situation situation, ils souhaitent une hausse de 11% de leur rémunération cette année et une autre augmentation de 8% au cours des deux prochaines années.
Bientôt remplacés par des copies numériques
D’autre part, les grévistes exigent un encadrement de l’utilisation de leur image par l’intelligence artificielle. Avec cette technologie, ils craignent que leurs métiers, déjà précaires, disparaissent dans un avenir très proche. Certains studios auraient déjà commencé à créer des copies numériques d’acteurs. Selon certaines sources, les maisons de production proposent aux artistes un scan de leur image pour ensuite l’utiliser sur n’importe quel projet, sans consentement ni compensation. Cette pratique conduirait à leur remplacement total dans les années à venir. Pour la SAG-AFTRA, il s’agit clairement d’« une menace existentielle ».
Les studios se défendent et pointent des efforts
L’Alliance of Motion Picture and Television Producers, qui représente les studios hollywoodiens, a nié l’utilisation non réglementaire de l’IA pour suppléer les acteurs. L’organisation reconnait seulement que la dernière proposition des studios autorise uniquement une entreprise à utiliser la réplique numérique d’un acteur dans le film pour lequel il est sollicité. Elle précise que « toute autre utilisation nécessite le consentement de l’acteur de fond et la négociation de l’utilisation, sous réserve d’un paiement minimum ».
Par ailleurs, l’AMPTP estime avoir fait des efforts au niveau salarial. Elle aurait proposé une hausse de 5% cette année et de 7,5% dans les deux prochaines années. Cette proposition coûterait plus d’un milliard de dollars, en y ajoutant les cotisations de retraite et de santé et les augmentations résiduelles. En outre, elle inclurait des protections inédites sur une période de trois ans, en particulier sur l’utilisation de l’IA.
Des coûts financiers pour chaque camp
La grève des scénaristes et des acteurs met à l’arrêt de nombreuses productions américaines. Parmi les projets suspendus figurent des blockbusters comme Gladiator 2 de Ridley Scott et Beetlejuice 2 de Tim Burton. En même temps, certains studios doivent payer des centaines de milliers de dollars par semaine pour garder les plateaux de tournage où sont stockés tous les costumes et les décors. Si le mouvement continuait pendant plusieurs semaines encore, ils pourraient bientôt être obligés de négocier pour limiter l’hémorragie financière. Du côté des scénaristes et acteurs, non plus, ce n’est pas facile. Mais les grévistes pourront compter sur des fonds de soutien et leurs jobs à temps partiel pour tenir le bras de fer. Mais durant combien de temps ?