Nosopharm, une R&D antimicrobienne nîmoise, pourrait bientôt commercialiser un antibiotique first-in-class contre les agents pathogènes résistants. Elle exploite Photorhabdus et Xenorhabdus, deux bactéries sous-estimées mais à fort potentiel pharmaceutique.
Aujourd’hui considérée comme l’une des dix principales menaces pour la santé publique, l’antibiorésistance a fait plus de 1,27 millions de décès dans le monde en 2019. Soit plus que le paludisme. Près de 60% de ces morts sont dus aux agents pathogènes à Gram négatif multirésistants. Ces bactéries sont d’autant dangereuses, qu’il n’existe actuellement aucun nouvel agent capable de traiter leur résistance aux antibiotiques, en particulier des composés avec de nouveaux modes d’action.
Nosopharm s’attaque à l’antibiorésistance
Le développement de nouvelles molécules ciblant spécifiquement ces pathogènes représente un énorme défi scientifique. En effet, il faut identifier et caractériser des composés naturels présentant des propriétés antimicrobiennes. Nosopharm, une entreprise nîmoise de biotechnologie, a pu caractériser le mode d’action de Photorhabdus et Xenorhabdus, deux bactéries du sol largement sous-estimées mais à dotées d’un potentiel thérapeutique énorme. Ces molécules possèdent une puissante activité antimicrobienne contre le ribosome bactérien.
Un vaccin contre les infections nosocomiales
Grâce à Photorhabdus et Xenorhabdus, Nosopharm a pu concevoir un antibiotique first-in-class pour le traitement des maladies infectieuses. En particulier les infections nosocomiales contractées lors d’un séjour dans un établissement hospitalier. Il s’agit de Noso-502, premier candidat au stade clinique dans la nouvelle famille d’antibiotiques Odilorhabdines. Les résultats d’études de toxicologie BPL (Bonnes Pratiques de Laboratoire) publiés en juin 2022 montrent que ce vaccin inhibe le ribosome bactérien grâce à un nouveau mécanisme d’action. Il démontre une puissante contre les entérobactéries résistantes aux carbapénèmes (Escherichia coli, Klebsiella pneumoniae et Enterobacter spp.), y compris les souches les plus résistantes. Ces résultats permettent à Nosopharm de passer à la dernière phase du développement de son antibiotique : les essais cliniques chez l’Homme.
Nosopharm sélectionné par la French Tech Health20
Pour réaliser cette étape décisive, la startup basée à Lyon a besoin de signer de nouveaux partenariats publics et privés et de lever des fonds conséquents. C’est dans ce contexte qu’elle a intégré, en mars dernier, la French Tech Health20, un programme d’accompagnement sur mesure pour les jeunes pousses françaises innovantes dans le domaine de la santé. La French Tech Health20 offrira au groupe une grande visibilité, à travers notamment la participation à des actions de diplomatie et à des évènements tech partout dans le monde.
Les antibiotiques au cœur de la souveraineté pharmaceutique
Nosopharm pourra ainsi rencontrer des investisseurs et obtenir des financements nécessaires à la poursuite de son programme. Si tout se passe bien, la startup devrait bientôt lancer la commercialisation de Noso-502. Bien sûr, après l’obtention des autorisations réglementaires. Ce qui sera plutôt une simple formalité alors que la France quête sa souveraineté pharmaceutique et sanitaire. Le président de la République, Emmanuel Macron, a d’ailleurs annoncé en juin un plan de relocalisation des médicaments pour atteindre rapidement cet objectif. Les antibiotiques figuraient dans la liste des 50 premiers médicaments concernés.