En Belgique, un homme de 40 ans était poursuivi pour conduite en état d’ivresse, alors qu’il n’avait pas bu une seule goutte d’alcool le jour de son arrestation. En fait, il souffre d’une mystérieuse maladie qui provoque la production naturelle d’alcool en grand quantité dans le sang.
Depuis début avril, un homme âgé de 40 ans comparaissait devant le tribunal de Bruges pour conduite en état d’ivresse. En mars, il avait été contrôlé au volant de sa voiture à deux reprises avec un taux d’alcoolémie dépassant la norme. Son sang contenait 0,91 mg et 0,71 mg par litre d’air expiré, alors que le plafond légal en Belgique se situe à 0,22 mg/l.
Pas de conduite en état d’ivresse, mais une maladie rare
Contre toute attente, l’individu a été acquitté par le tribunal de police de Bruges. Il a en effet réussi à prouver qu’il souffrait d’une maladie intestinale rare, le syndrome d’auto-brasserie (SAB) ou syndrome de fermentation intestinale (SFI). Cette mystérieuse maladie est responsable de la production d’alcool dans le corps, après l’ingestion d’aliments riches en glucides comme le pain et les pommes de terre.
Le syndrome d’auto-brasserie produit beaucoup d’alcool chez certains individus
Pour rappel, notre corps produit naturellement de l’alcool par fermentation. Mais chez la plupart des individus, les niveaux sont bien trop faibles pour qu’on puisse les mesurer lors d’un test d’alcoolémie. Et cela est dû au fait que toute fermentation qui se produit dans l’intestin est normalement éliminée avant de pouvoir passer dans le sang. Dans le cas des personnes atteintes de SAB, en revanche, l’alcool est produit à un rythme qui dépasse les capacités d’élimination du corps.
Les personnes atteintes de diabète particulièrement touchées
Certains chercheurs pensent que la production en grande quantité de molécules d’alcool par le corps résulte du déséquilibre des microbes intestinaux. Ce phénomène entraîne une prolifération de certains microbes qui, dans des conditions particulières, transforment ensuite un repas riche en glucides en alcool. Ce métabolisme des protéines interviendrait généralement chez les personnes souffrant de certaines maladies comme le diabète ou la maladie du foie liée à l’obésité.
L’individu déjà arrêté pour conduite en état d’ivresse
Les premiers cas du syndrome d’auto-brasserie ont été signalés au Japon dans les années 1950. A ce jour, on compte une vingtaine de cas rapportés dans le monde. Pour les scientifiques, le chiffre est largement en deçà de la réalité, puisque le test d’alcoolémie ne se fait pas systématiquement. Aussi, les gens ne vont pas nécessairement à la clinique pour le diagnostiquer, surtout dans les pays moins développés. Pour le quarantenaire belge jugé lundi, il a fallu un contrôle positif en 2019 pour qu’il se pose des questions.
Il a juré n’avoir pas bu d’alcool, ignorant alors son mal
Cette année-là, l’automobiliste avait pris une amende et s’était vu retirer son permis à la suite du test d’alcoolémie. Il avait juré n’avoir pas bu une seule bouteille, mais ignorait alors le mal dont il souffrait. En 2022 également, l’homme avait écopé des mêmes peines pour deux contrôles positifs. A la suite de cette seconde mésaventure, il avait cherché à comprendre ce qui lui arrivait. C’est ainsi qu’il a su qu’il était atteint du syndrome d’auto-brasserie. Au procès de ce lundi, il a dû faire intervenir trois médecins pour le prouver.
L’homme doit suivre un régime pauvre en glucides
En dépit de ces preuves médicales, le parquet de Bruges avait demandé que son permis de conduire lui soit retiré. Son argument ? La dangerosité que la maladie peut causer. Mais le juge a rejeté la demande. Il a plutôt imposé un régime pauvre en glucides au prévenu pour empêcher le déclenchement du syndrome. Il lui a également conseillé d’éviter toute alcoolisation volontaire afin de ne pas tricher. Le jugement n’est pas encore définitif car le parquet dispose de trente jours pour faire appel.