Tesla dérive, Musk s’en lave les mains

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Le milliardaire américain, devenu conseiller spécial de Donald Trump, semble avoir tourné le dos à l’entreprise qui a fait sa fortune. Au grand dam des marchés et de ses employés.

« Elon Musk se soucie-t-il encore de vendre des voitures ? », se demande le New York Times (NYT) dans un article publié, jeudi 20 février. Une question que l’on pourrait qualifier de rhétorique, tant l’intéressé semble désormais peu concerné du sort de Tesla, le constructeur d’automobiles électriques dont il est PDG.

Menacée par une concurrence de plus en plus féroce, provenant notamment de la Chine, l’entreprise pionnière des voitures dites propres, a vu ses ventes mondiales baisser de 1% curant l’année écoulée, d’après les résultats publiés fin janvier. Une première déconvenue dans l’histoire de la firme, mais dont Musk ne s’inquiète outre-mesure.

Et ce malgré les vents contraires qui frappent la marque dans plusieurs pays : moins 41 % d’immatriculations en 2024 en Allemagne ; moins 63% en France en janvier 2025 ; un sentiment de répulsion aux Pays-Bas, avec un tiers des propriétaires désireux de s’en séparer, selon un sondage récemment cité par Le Monde.

Un immobilisme déconcertant

À en croire le NYT, aucune stratégie claire n’a pour l’heure été dévoilée pour tenter de contrer ces mauvaises tendances. Le modèle abordable tant promis, pour un prix pouvant descendre à 25 000 dollars est toujours attendu, laissant le groupe dépendant des modèles 3 et Y (95% de ses ventes).

Pour le quotidien américain, un tel immobilisme n’est pas caractéristique de la société, dont le PDG a toujours été pro-actif, s’investissant grandement dans la promotion de ses produits, même avant leur mise sur le marché.

C’était bien avant qu’il ne se découvre une passion pour l’activisme politique du courant d’extrême droite, parachevé par sa contribution (financièrement, plus de 250 millions de dollars de dons) au retour au pouvoir de Donald Trump aux États-Unis.

Depuis, l’entrepreneur né en Afrique du Sud partage son temps entre Washington et la résidence floridienne du nouveau président américain. De quoi apparaître de plus en plus déconnecté des réalités de son entreprise automobile.

Un fort sentiment de dispersion

« Nous n’avons pas un PDG qui se consacre pleinement à maintenir Tesla comme leader dans le domaine des véhicules électriques« , déplore Brad Lander, contrôleur de la ville de New York, dont les fonds de pension détiennent pour 1,25 milliard de dollars d’actions du groupe, dans les colonnes du New York Times.

Ce constat est d’autant plus intéressant que Musk a étendu son activisme en dehors des États-Unis, promouvant l’extrême droite à travers l’Europe à coups de publications rageuses sur X, son réseau social. Des prises de position controversées qui contribuent, d’après les observateurs à aliéner une partie de la clientèle de Tesla.

« Plus vous divisez vos loyautés, plus il devient difficile d’affirmer que vous avez une loyauté sans partage envers une quelconque entreprise« , explique au NYT, Eric Talley, professeur à la Columbia Law School spécialisé en gouvernance d’entreprise, alors qu’Elon Musk dirige outre Tesla, au moins cinq autre sociétés de premier plan.

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