La croisade anti-DEI de Trump franchit l’Atlantique

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Les entreprises françaises désireuses de faire affaire avec les États-Unis sont priées d’éviter toute politique d’inclusion ou de discrimination positive, conformément aux directives de l’administration du nouveau président américain.

« Nous vous informons que le décret 14.173, concernant la fin de la discrimination illégale et rétablissant les opportunités professionnelles basées sur le mérite, signé par le président Trump, s’applique également obligatoirement à tous les fournisseurs et prestataires du gouvernement américain, quels que soient leur nationalité ou le pays dans lequel ils opèrent ».

Ainsi se décline le cœur de la lettre envoyée depuis quelques jours par l’ambassade américaine à Paris aux entreprises françaises et autres cabinets d’avocats possiblement contractants avec Washington, d’après une information révélée vendredi 28 mars par Les Échos et depuis confirmée par de multiples autres sources.

Le décret mentionné est celui intitulé « Ending Illegal Discrimination and Restoring Merit-Based Opportunity » (mettre fin à la discrimination illégale et rétablir l’égalité des opportunités basée sur le mérite), visant à éliminer les programmes et politiques de diversité, équité et inclusion (DEI) dans le secteur public et privé aux États-Unis.

Arme d’une véritable guerre culturelle

Des programmes jugés illégaux et attentatoires au texte et à l’esprit des lois fédérales historiques sur les droits civiques par le texte signé le 21 janvier dernier. Lequel fait référence à l’arrêt de la Cour suprême américaine de l’été 2023 interdisant la discrimination positive dans les universités américaines.

« Les politiques DEI sapent également notre unité nationale, car elles nient, discréditent et minent les valeurs américaines traditionnelles de travail acharné, d’excellence et de réussite individuelle au profit d’un système de privilèges fondé sur l’identité, illégal, corrosif et pernicieux », pointe encore le décret présidentiel devenu une véritable arme dans la guerre idéologique menée par la nouvelle administration.

Nombreuses sont les entreprises désormais ouvertement menacées de privation de subventions fédérales en cas de non-respect de la directive. Le PDG de Disney, Bob Iger, s’est ainsi vu intimer l’ordre, comme le relève Le Monde, la semaine dernière par Brendan Carr, patron de la Federal Communication Commission (FCC), d’abandonner ses politiques DEI.

Les entreprises françaises n’en reviennent pas

En France où le comptage ethnique est prohibé et la prise en compte des origines interdite au sein des entreprises, celles-ci ne devraient pas avoir de mal à se conformer à la lettre de l’ambassade américaine.

Même si les sociétés de plus de 250 salariés sont légalement soumises à un quota minimal de 40% de femmes dans leur conseil d’administration ou de surveillance. L’initiative n’en demeure pas moins stupéfiante vu de l’Hexagone.

D’autant que les destinataires du courrier ont cinq jours pour se conformer à travers un document dûment signé. « Quand on m’a parlé de cette lettre, j’ai cru au début que c’était un ‘fake’ », témoigne ainsi une figure du milieu des affaires citée par Les Échos.

« Les ingérences américaines dans les politiques d’inclusion des entreprises françaises, comme les menaces de droits de douanes injustifiés, sont inacceptables« , a réagi le ministère français du Commerce extérieur auprès de l’AFP.

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