Avoir uniquement des enfants du même sexe pourrait résulter de facteurs biologiques réels et non de coïncidence, selon une étude de l’Université Harvard.
C’est une découverte qui pourrait bien changer la perspective pour ces couples qui n’ont que des garçons ou des filles. D’après une équipe de chercheurs de Harvard, cette situation que certaines familles considèrent parfois comme une fatalité n’en serait pas une.
Contrairement à l’idée répandue selon laquelle la naissance d’un garçon ou d’une fille relève du pur hasard, l’étude démontre que plusieurs facteurs biologiques et environnementaux orchestrent ce processus de manière subtile, mais déterminante.
L’impact de l’âge maternel apparaît particulièrement significatif. Selon les résultats, les femmes qui ont leur premier enfant après 28 ans présentent 10% de chances supplémentaires d’avoir tous leurs enfants du même sexe, comparées à celles qui accouchent avant 23 ans.
Cette tendance s’explique par des mécanismes biologiques précis, dont l’évolution du pH vaginal tout au long de la vie reproductive. Un environnement plus acide favorise la survie des spermatozoïdes porteurs du chromosome X (donnant des filles). À l’inverse, un pH moins acide avantage ceux portant le chromosome Y (donnant des garçons).
Des gènes « programmés » pour un sexe ?
Au-delà de l’âge maternel, l’étude publiée dans la revue Science Advances met en lumière le rôle des facteurs génétiques dans la détermination du sexe des enfants. Les chercheurs ont identifié des traits génétiques spécifiques qui peuvent prédisposer certaines familles à avoir plus de garçons ou plus de filles.
Cette influence génétique se manifeste à travers les générations. Si une femme provient d’une lignée familiale où les filles sont majoritaires, elle présente une probabilité statistiquement plus élevée de perpétuer cette tendance. Inversement, les familles avec une prédominance masculine tendent à maintenir ce schéma générationnel.
Les données provenant du suivi de plus de 58 000 infirmières américaines pendant des années à travers des questionnaires détaillés (informations sur leurs grossesses, leur mode de vie et leurs caractéristiques génétiques) révèlent également que l’environnement joue un rôle modulateur dans l’expression des tendances génétiques.
Appel à la prudence dans la prise en compte
Le stress maternel, par exemple, peut affecter l’équilibre hormonal et influencer les conditions de conception. Les niveaux de cortisol élevés peuvent modifier l’environnement utérin de manière à favoriser un sexe particulier. De même, l’état nutritionnel de la mère au moment de la conception peut jouer un rôle déterminant.
Ces découvertes génétiques doivent néanmoins être interprétées avec prudence. Comme le souligne Hugues Aschard, spécialiste à l’Institut Pasteur, dans les colonnes du Monde, « ces résultats sont trop préliminaires pour affirmer qu’il y a bien une dimension génétique » et nécessitent d’être répliqués sur d’autres échantillons pour être validés.
« Il y a tellement d’autres facteurs qui entrent en compétition pour qu’un événement se produise« , abonde Siwen Wang, première autrice de l’étude et doctorante à l’université Harvard.