Apple et Google bâillonnés en Russie

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Les deux géants du web ont supprimé de leur magasin dédié, sous la pression du Kremlin, l’application de l’opposant Alexeï Navalny. Une nouvelle illustration de la position délicate des plateformes numériques censées demeurer ouvertes à tous, dans des territoires autoritaires.

Et la lumière s’éteignit. En Russie, il est impossible depuis vendredi pour les partisans de l’opposant Alexeï Navalny de savoir quel candidat autre que celui du parti au pouvoir, Russie unie, soutenir dans le cadre des élections législatives en cours. Cette indication possible grâce à une application mobile dédiée et servant à faire barrage au régime du président Vladimir Poutine, n’est plus disponible. Et pour cause, Google et Apple qui hébergeaient sur leur plateforme l’application en question ont décidé de la supprimer après des semaines d’échange avec les autorités russes.

Ces dernières, engagées dans une politique répressive contre le célèbre opposant Alexeï Navalny actuellement détenu à Moscou et devenu un véritable poil à gratter pour le chef de l’État, avaient ordonné à Google et Apple de faire disparaître l’application querellée de leur magasin respectif iOS et Android.

Intenses pressions

Une telle mesure est destinée à réduire le pouvoir de nuisance de l’opposant en perspective des législatives après la suppression de son site en web en Russie et la dissolution de son mouvement politique accusé d’extrémisme. Il y avait urgence pour le Kremlin à agir d’autant que la Russie unie n’est créditée que de 30% d’opinions favorables pour ce scrutin qui verra le renouvellement de la Douma, Chambre basse du parlement.

Bien que les mises à jour de l’application n’étaient plus possibles en Russie depuis un certain temps, Google et Apple ont tenté de résister aux intenses pressions de Moscou ces dernières semaines. Jusqu’à la menace des officiels russes de cibler individuellement les employés desdites plateformes sur leur territoire pour des sanctions, à en croire une source interrogée par le New York Times.

Embarras

Les deux géants du web n’auront donc pas résisté longtemps, provoquant l’ire des défenseurs de la liberté d’expression à travers leur décision de supprimer de leur plateforme l’application gênante pour le pouvoir russe. De Londres à Berlin, tous les partisans de Navalny en exil s’en sont indignés. D’autres observateurs se sont interrogés sur ce qu’une telle décision pouvait impliquer pour l’avenir d’un espace numérique ouvert à tous, quel qu’en soit l’endroit du globe où l’on se trouve. Apple et Google qui prétendent veiller aux données de leurs utilisateurs sacrifieront-ils cela sous la pression d’un gouvernement, quel qu’il soit ?

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