La déchéance de R. Kelly

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L’artiste coupable de plusieurs chefs d’accusation, dont ceux de racket sexuel et d’exploitation sexuelle, sur mineures, risque la prison à vie. La fin d’un chanteur dont le succès musical a longtemps servi de bouclier aux graves accusations contre lui.

Le jury a délibéré pendant environ neuf heures, mais aucun des jurés n’a douté lundi 27 septembre au moment du verdict contre R. Kelly dans ce tribunal de Brooklyn à New York. Le signe de l’irréfutabilité des nombreuses preuves contre celui qui se prénomme Robert Sylvester Kelly à l’état civil. Le signe surtout de la fin d’une situation de toute-puissance qui a longtemps favorisé un artiste qui, tant du point de vue des ventes de disques que de celui des hits, aura marqué l’arène musicale mondiale.

Pendant plusieurs décennies en effet, R. Kelly à la tête d’un véritable réseau d’exploitation et d’abus sexuel sur des femmes, dont des mineures, comme viennent de le révéler les six dernières semaines de procès, aura réussi à agir en zone de non-droits. Les accusations contre sa personne se multipliaient, mais sans grande conséquence parce que l’intéressé pouvait compter sur le silence, voire la complicité de ses proches et autres collaborateurs de l’industrie musicale américaine.

Surviving R. Kelly

En témoigne son succès musical jusqu’en 2017. L’artiste accusé d’avoir marié en 1994 Aaliyah Dana Haughton alors âgée de 15 ans seulement, puis inculpé de pornographie juvénile entre autres, plastronnait quelques années plus tard, fort des tubes à succès tels que « I Believe I Can Fly » sorti en 1996 et « Ignition » sorti en 2002, sans compter ses multiples collaborations avec les plus grandes vedettes de la musique américaine. Lady Gaga et Jay-Z en sont quelques-unes.

Mais le vent a commencé à tourner il y a quatre ans avec l’émergence d’un hashtag de boycott en son nom promu sur les réseaux sociaux par Oronike Odeleye, une activiste américaine basée à Atlanta en Géorgie. Cette dernière indignée par une énième accusation d’inconduite sexuelle à l’encontre de R. Kelly, lancera le mouvement #MuteRKelly (faites taire la musique de R. Kelly ; NDLR) dont le rôle sera décisif dans la libération de la parole des victimes à travers le documentaire « Surviving R. Kelly » diffusé début 2019 sur Netflix.

Un printemps pour #MeToo ?

R. Kelly en proie à des accusations de trafic sexuel dans d’autres États américains, connaîtra sa sentence le 4 mai 2022. Ses conseils ont l’intention de faire appel, mais le processus qui a conduit à son verdict de culpabilité lundi marque le crépuscule de l’impunité autour de son nom. Les défenseurs des violations contre les femmes espèrent que cet épisode constituera un printemps pour le mouvement #MeToo dans le showbizz musical outre-Atlantique.

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