En décembre 2021, la Chine a créé un géant des terres rares par la fusion de ses principaux producteurs. Baptisée China Rare Earth Group, cette méga-entreprise devrait remettre de l’ordre dans le marché chinois, notamment au niveau des prix. Mais aussi et surtout renforcer la domination de Pékin sur le secteur. Cette perspective inquiète l’Europe et les Etats Unis, qui s’activent afin de mettre fin à leur dépendance vis-à-vis du géant asiatique.
La Chine a annoncé en décembre dernier la création de China Rare Earth Group, un conglomérat industriel né de la fusion des principaux producteurs nationaux de terres rares. Parmi ceux-ci figurent Aluminium Corporation of China (CHALCO), China Minemetals Corp et Chinalco et Ganzhou Rare Earth Group. Il y a également deux sociétés de recherche que sont China Iron & Steel Research Institute Group et Grinm Group Corporation Ltd. La nouvelle méga-entreprise sera directement gérée par Pékin via sa Commission de supervision et d’administration des actifs (SASAC), qui détient une participation majoritaire de 31,21%. Elle représente 30 % de la production totale de métaux de terres rares de la Chine et 60 à 70 % de sa production de métaux de terres rares lourds.
L’essentiel de la production mondiale vient de Chine
Avec ce géant minier, la Chine souhaite structurer son marché local, éclaté entre plusieurs acteurs qui se livrent une concurrence féroce sur les prix. Désormais, le pays pourrait fixer et contrôler les tarifs, tout en assurant la stabilité des chaînes de production et d’approvisionnement. Il disposera aussi et surtout d’un puissant levier dans sa guerre commerciale contre les Etats Unis et l’Union européenne (UE) qui importent respectivement 80 et 90% de leurs terres rares lourdes de Chine.
Cette dépendance vis-à-vis de l’Occident pourrait bientôt s’accentuer d’autant que les entreprises chinoises auront dorénavant la possibilité de lever plus rapidement des fonds auprès des banques publiques nationales à des taux préférentiels. En plus d’avoir accès à des investissements massifs, elles profitent déjà d’un large réseau de raffinage de produits bruts. Ce que n’ont pas l’Europe et les Etats Unis.
300 milliards d’euros pour se sortir de la dépendance
Bruxelles et Washington ont récemment pris une série de mesures urgentes pour contrer un potentiel super pouvoir de la Chine, qui vient d’imposer des quotas de production afin de ne pas épuiser ses réserves. Washington en particulier a dévoilé en décembre le projet Global Gateway, qui doit mobiliser 300 milliards d’euros de financements publics et privés destinés à faciliter l’exploitation de grandes réserves de terres rares dans des pays d’Afrique. Pour sa part, la France envisage d’ouvrir des mines de lithium sur leur sol comme les Etats Unis l’ont déjà fait. Le Royaume Uni et l’Australie prévoit, eux, d’investir davantage dans l’exploitation de terres rares légères d’ici à 2023.
La Chine va profiter des sanctions contre la Russie
Principaux demandeurs de ces métaux, les constructeurs creusent également de leurs côtés pour trouver des solutions. Certains comme BMW, Nissan et Volkswagen chercheraient à économiser leur utilisation de terres rares. Tandis que d’autres envisagent d’éliminer complètement ces matières premières de la fabrication de leurs véhicules et de les remplacer par des produits durables. Mais toutes ces mesures ne vont pas porter leurs fruits avant plusieurs années. Pendant ce temps, la Chine a l’occasion de devenir un mastodonte grâce aux sanctions économiques imposées à la Russie, un autre géant minier.