Un gendarme de l'USIGN, unité d'élite de l'armée burkinabè, lors d'un exercice en avril 2018

Mali : la réponse militaire seule ne peut pas suffire

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En 2012, la France s’est engagée, au nom du Conseil de sécurité des Nations Unies à aider le Mali à éradiquer le terrorisme du Sahel et résoudre ses conflits internes. Mais 7 ans après, la situation est devenue extrêmement compliquée, au point de susciter un sentiment anti-français dans la population.

L’opération Barkhane, qui a succédé à l’excellente opération Serval le 1er août 2014, n’a pas tenu (toutes) ses promesses. Cinq ans après son déploiement, la situation sécuritaire au Mali n’a guère changé. Pis, elle s’aggrave. Ces derniers mois, les attaques se sont multipliés dans le pays et dans les Etats voisins, notamment le Burkina Faso. Pourtant la force Barkhane, plus que suréquipée, est très présente avec les troupes du G5 Sahel et de la MINUSMA. Comment alors expliquer cette résurgence des conflits au Mali avec autant d’acteurs militaires ?

L’aspect militaire trop prédominant dans la crise malienne

Pour Roland Marchal, chercheur au CERI de Sciences Po, les fusils seuls ne peuvent pas résoudre la crise au Mali. Les Américains peuvent en témoigner avec l’Afghanistan… « La réponse militaire ne peut être suffisante (…) Il faut que les pays européens aident les États sahéliens touchés par ledit djihadisme à se réformer en profondeur », a déclaré le chercheur dans un entretien à La Croix. « Pour le moment, les Occidentaux ont surtout contribué à restaurer un système inégalitaire qui permet aux djihadistes de recruter sans difficultés », a-t-il ajouté. Boubacar Salif Traoré, spécialiste des questions de sécurité et de développement, estime également qu’il faut réduire drastiquement la part des dépenses militaires dans le budget au Sahel. « Les différents projets de développement doivent prendre le dessus. Quand on prend effectivement la force conjointe G5 Sahel, le volet développement représenterait 69% de l’ensemble de l’initiative. Mais dans les débats, on voit que c’est l’aspect militaire qui prend le dessus. Et je pense qu’il faut très rapidement mettre en œuvre ces questions de développement. Parce que le vide laissé par l’Etat est rapidement occupé », soutient le chercheur.

Un Plan Marshall pour le Mali ?

Il y a aujourd’hui urgence à débloquer des fonds suffisants pour le financement de projets de développement socio-économique. C’est d’ailleurs ce que préconise le fameux Plan Marshall dévoilé par Aliou Diallo lors de la campagne de l’élection présidentielle de 2018. Convaincu que la guerre contre le terrorisme ne se gagne pas simplement avec des soldats et des fusils, le PDG de Petroma Inc propose une feuille de route concrète, qui associe approches sécuritaires et socio-économiques, dans le but de combattre le mal à la racine.

L’entrepreneur et homme politique malien avait suggéré de lever 15 000 milliards de francs (23 milliards d’euros) sur cinq ans en faisant appel aux emprunts d’État, aux bailleurs et partenariats privé-public. Une telle somme sera consacrée à la réorganisation et la modernisation de l’armée malienne (le Mali pourra ainsi se défendre tout seul au lieu de toujours compter sur le grand frère appelé France).

La pauvreté, terreau du terrorisme

L’investissement servira surtout à créer un environnement économique et social favorable à l’éradication des terroristes du nord Mali car la pauvreté est le terreau du djihadisme. L’on pourrait désenclaver les communautés rurales les plus reculées en construisant des hôpitaux, des dispensaires, des écoles, des centrales électriques etc. C’est en corrigeant cette injustice historique, en donnant du travail et de l’espoir à ces régions miséreuses, que la guerre contre le terrorisme pourra être gagnée au Mali, l’un des pays les plus pauvres au Monde.

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