Depuis le 14 octobre, la Guinée est secouée par une vive contestation contre le projet de nouvelle constitution, pouvant permettre à Alpha Condé de rester cinq ans de plus au pouvoir. Jeudi 7 novembre, une nouvelle manifestation a réuni plus d’un million de personnes dans les rues de Conakry, la capitale.
La presse parle d’une marée humaine
En Guinée, la contestation contre le potentiel troisième mandat du président Alpha Condé ne faiblit pas. Jeudi 7 novembre, une manifestation monstre a parcouru les rues de Conakry, la capitale. Les organisateurs parlent de trois millions de marcheurs à travers le pays, dont au moins le tiers dans la capitale. « Nous avons réussi à mobiliser aujourd’hui un million et demi de Guinéens rien qu’à Conakry », a déclaré Fode Oussou Fofana, un chef de l’opposition et membre du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), une coalition de partis d’opposition, de syndicats et de membres de la société civile, qui mène la protestation. Les autorités guinéennes, elles, n’ont donné aucune statistique officielle.
Un pays aux ressources minières immenses mais pauvre
Témoin de la mobilisation, la presse guinéenne fait cas d’« Une marée humaine sous un ciel bleu à Conakry » (Guinée Matin) ou d’une « Véritable démonstration de force des opposants au troisième mandat » (Aminata).
Le site Aminata rapporte que « Les manifestants brandissaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire ‘’Amoulanfé !’’ (‘’Ça ne passera pas’’, en langue locale sousou, NDLR) ‘’Non au changement constitutionnel !’’ ‘’À bas le troisième mandat !’’ Justice pour nos martyrs !’’ Libérez nos camarades emprisonnés !’’. Ces phrases résument bien la situation actuelle en Guinée, ce pays de 13 millions d’habitants, pauvre malgré des ressources minières considérables. L’on utilise même le terme de « scandale géologique » pour parler de l’importance de ces ressources.
« Si Alpha Condé réussit, ça peut donner des idées en Côte d’Ivoire »
Depuis le 14 octobre, le FNDC milite contre un projet gouvernemental de changement de constitution, annoncé en mai dernier. Cette modification de la constitution pourrait permettre à Alpha Condé (81 ans) de briguer un troisième mandat en 2020. Pour l’artiste reggae ivoirien Tiken Jah, « Si Alpha Condé réussit, ça peut donner des idées en Côte d’Ivoire, ça peut même donner… » dans toute l’Afrique francophone et au-delà. La Guinée devrait donc envoyer un message fort en coupant l’herbe sous les pieds d’Alpha Condé.
Plus de dix morts depuis le début de la contestation
La tâche ne sera pas facile car, si le principal intéressé n’a pas encore clairement dit qu’il se représenterait, son attitude le laisse penser. Les manifestations débutées le 14 octobre ont déjà fait plus de dix morts, ce que nie Conakry. Mais l’ambassadeur des États-Unis en Guinée a appelé le pouvoir à faire la lumière sur ces morts et demandé, afin de favoriser le dialogue, la libération de cinq membres du FNDC, condamnés à des peines de six mois à un an de prison ferme pour provocation directe à un attroupement.