La plupart des indicateurs économiques témoignent d’un décrochage de l’hexagone sur le sol africain. Il subsiste pourtant un mythe selon lequel la grande métropole continuerait à tirer de ses anciens territoires coloniaux une part considérable de sa croissance économique.
La France, reine d’Afrique. L’ancienne puissance coloniale ferait la pluie et le beau temps dans son (ancien ?) pré-carré. Elle y aurait même tous les droits. La liste des privilèges associée à la France en Afrique est aussi longue que le bras. Et pourtant, cette relation quasi-filiale entre les deux acteurs n’est plus aussi exclusive. D’un point de vue économique tout du moins. La France perd progressivement du terrain en Afrique.
Illustration avec les parts de marché de l’hexagone en Afrique qui se sont érodées de près de moitié en 20 ans, selon un rapport produit en 2019 sous la supervision de l’ancien ministre français des Finances, Hervé Gaymard. Le document indique notamment que la France a vu progresser seulement du double ses exportations durant cette période sur un continent dont la taille a quadruplé. Dans le détail, la France a exporté pour 28 milliards de dollars – contre 13 milliards précédemment – entre 2000 et 2017 sur un marché qui est passé de 100 à 400 milliards désormais, à en croire des données confirmées par l’observatoire de la complexité économique.
De nouveaux acteurs sur le terrain
Sur la même période, la Chine trône en tête avec 111 milliards de dollars de produits exportés en Afrique. Au plan européen, le classement démontre une montée en puissance de nouveaux acteurs comme l’Allemagne qui peut s’enorgueillir de 26,3 milliards de dollars d’exportations. Soit très près de la France pour qui l’Afrique est loin d’être un terrain de conquête économique de premier plan. La grande métropole n’exporte que 5 % de ses biens et services sur le continent. Les Pays-Bas par exemple investissent davantage que la France en Afrique.
Une présence militaire qui irrite
Malgré cette réalité économique, la France est toujours perçue comme toute puissante en Afrique. Alors qu’elle n’est clairement plus seule maîtresse du jeu sur ce continent. Ce contraste s’explique selon nombre d’observateurs par la présence militaire française toujours aussi prégnante en Afrique. Les bases militaires tricolores encore en place sur le continent sont nombreuses. Elles alimentent d’ailleurs la guerre contre le djihadisme dont se prévaut Paris pour demeurer au Mali ou au Tchad, entre autres. Sans oublier ses soutiens pour maintenir ou déloger du pouvoir certains dirigeants africains, selon ses intérêts. Autant de manœuvres françaises qui plaisent de moins en moins à l’opinion publique africaine.