Après avoir annoncé 9 milliards d’euros pour la filière hydrogène en juin 2020, l’Allemagne vient de débloquer 8 milliards d’euros pour financer 62 projets dans le cadre des IPCEI. Ces projets touchent l’ensemble de la chaîne de valeur du secteur. En l’occurrence la production, les infrastructures et les différents usages.
L’Allemagne a pour ambition d’atteindre la neutralité carbone en 2045, à travers la réduction de la consommation des énergies fossiles. Comme alternative propre, elle mise sur l’énergie éolienne et hydraulique, mais de plus en plus sur l’hydrogène vert. En juin dernier, elle y a consacré 9 milliards d’euros pour en devenir le numéro Un mondial. Un an plus tard, la première économie européenne annonce le déblocage de 8 milliards d’euros pour financer 62 projets dans le cadre des IPCEI (Important Project of Common European Interest), un plan sur l’hydrogène vert présenté par le ministre de l’Economie Peter Altmaier au Conseil européen, en décembre 2020.
Mettre en commun nos forces en Europe
Sélectionnés parmi plus de 230 candidatures, les 62 projets concernent l’ensemble de la chaîne de valeur de la filière hydrogène. C’est-à-dire la production, les infrastructures et les différents usages. Dans le détail, 50 projets touchent à la production d’hydrogène vert par électrolyse (un objectif d’au moins 2 GW de production annuelle visé). Les 12 restants sont liés à la mobilité, à la fois dans l’aéronautique et le maritime. Il est prévu un financement additionnel (des investissements privés) pour porter le tout à 33 milliards. « Nous voulons devenir le numéro 1 mondial des technologies de l’hydrogène. Pour ce faire, nous mettons en commun nos forces en Europe et initions des investissements massifs dans la future technologie hydrogène avec le premier projet hydrogène européen commun. Cela garantit la compétitivité et les emplois – en Allemagne comme en Europe » a déclaré Peter Altmaier.
Des coopérations et partenariats en Afrique
L’Allemagne appelle à la mutualisation des efforts sur le continent. Elle compte en premier sur la France, deuxième économie de la zone euro, donc un partenaire de choix. Signe encourageant pour Berlin, Paris a aussi annoncé un investissement de 7 milliards d’euros en faveur de l’hydrogène vert en septembre 2020. Malgré cette synergie des forces, les deux pays pourraient être dans l’incapacité de répondre à leur demande nationale. Pour anticiper ce problème, l’Allemagne se tourne aussi vers l’Afrique. Elle a établi des coopérations avec différents pays, dont le Maroc, et envisage de signer des partenariats stratégiques dans des pays d’Afrique de l’Ouest comme le Mali. Dans cet Etat, la compagnie Hydroma mène une véritable révolution énergétique depuis 2012.
Un pipeline venu d’Afrique pour fournir de l’hydrogène à l’Europe ?
Fondée par le milliardaire malien Aliou Boubacar Diallo, cette entreprise d’exploration et d’exploitation de gaz naturel transforme l’hydrogène naturel en électricité totalement propre grâce à une unité pilote installée près du village de Bourakébougou. Après huit années de test réussi, Hydroma souhaite lancer une production à grande échelle dans les prochains mois. Parallèlement, son PDG finance la construction de vastes champs de panneaux photovoltaïques dans le Sahel pour fabriquer de l’hydrogène solaire. Il a pour ambition d’approvisionner l’Afrique de l’Ouest et l’Europe par un pipeline de 4700 kilomètres. Cette infrastructure partira de Bourakébougou pour relier certainement le sud de l’Espagne.
L’Allemagne manifeste déjà un vif intérêt pour ce projet gigantesque, mais aussi pour les travaux d’Hydroma en général. En septembre 2020, les autorités fédérales ont d’ailleurs reçu Aliou Diallo et l’ont félicité pour son apport dans la recherche sur l’hydrogène blanc (naturel) qui fait partie du programme allemand de l’hydrogène.